Femmes, levez la tête et luttez !

8 mars • L'égalité s'atteindra en remettant en question tout le système capitaliste et en lançant un changement social subversif.

L’égalité s’atteindra en remettant en question tout le
système capitaliste et en lançant un changement social subversif.

Le 8 mars, nous avons une fois de plus fêté la Journée des droits de femmes. Les différents bureaux d’égalité des différents cantons, ses différentes institutions, mais aussi différentes associations ont mis la main à la pâte pour marquer ce jour. Je n’ai pas vu une seule action réelle de remise en question du système de fonctionnement. Il est pourtant primordial d’utiliser cette journée comme occasion de questionner notre société. Les femmes ont depuis la nuit des temps partagé les mêmes inconvénients de l’organisation sociétale que les hommes. Elles ont dû pourtant entreprendre une lutte en parallèle pour obtenir des droits auxquels elles avaient droit de par la nature, mais déniés par certaines superstructures de la société capitaliste, soit par la religion et par les institutions étatiques découlant de la première. C’est hélas un coup coriace contre la lutte des classes dissimulant la vision totale de la société. L’émancipation de la femme se limite à participer au jeu du libéralisme et du capitalisme. Comme en Occident, le modèle choisi dans ce que certains appellent révolutions arabes n’est rien d’autre qu’une obtention de place dans un système capitaliste. Incroyablement, c’est peut-être le capitalisme qui permettrait à la société islamiste de faire certains avancés pour les femmes. Puisqu’il faut vendre, on vendra ! En Occident aussi, on se tient quitte de tout effort de changement social en s’ébrouant dans l’espace de l’ascension sociale et de la chasse aux postes, selon les règles du carriérisme masculin et de la réussite selon les règles du libéralisme. Le caractère subversif d’un mouvement est primordial. Le mouvement social ne doit plus viser la banalisation de ses références comme succès. Le mouvement féministe était dangereux, socialement et politiquement, parce qu’il était fondamentalement subversif, parce qu’il mettait en question la raison d’être de différentes institutions de nos sociétés : l’Etat et ses appareils répressifs ou idéologiques, l’école, le mariage, le travail, l’église ou la famille. Ce même mouvement devient fréquentable, ne serait-ce qu’électoralement, dès lors qu’il se réduit à ne plus être qu’un lobby. Avec la façon consumériste d’aborder la Journée internationale des droits des femmes, rien n’a été changé des fonctionnements sociaux, aucune institution n’a été menacée, aucune hiérarchie fondamentale remise en question, mais des femmes y auront été intégrées, et les femmes se retrouveront comme les hommes prises dans leurs rets. Les femmes libérales peuvent naturellement réclamer plus de femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises, pour rendre ces dernières « plus performantes et plus innovantes », mais au prix de quelle exploitation des femmes d’en bas ?

Ainsi renonce-t-on à changer le pouvoir pour y revendiquer des places. Rien ne bouge, tout se parfait. Ce que le féminisme contestait est conforté par le lobbysme féminin, comme ce que le socialisme combattait fut conforté par l’intégration de socialistes aux institutions combattues. Le mouvement socialiste ayant lui-même vécu cette réduction de la volonté de changer la normalité sociale à la revendication d’en participer, on ne s’étonnera pas de voir le féminisme suivre cette même voie qui conduit un mouvement social à ne plus être que le souvenir d’une subversion. Le mouvement social perd en force et en légitimité politique quand une partie de ses acteurs gagnent en statut social. Le mouvement féministe reflète les faiblesses du mouvement social dans son ensemble. Au nom de la libération des sexes et la course aux postes, aurait-on oublié la lutte des classes, où se trouvent les réponses aux différents conflits ? Le travail salarié n’est pas un outil d’émancipation des êtres humains. Serait-il devenu celui de l’émancipation des femmes ? Dans le passé, les femmes se sont investies sur une base égale dans le mouvement de la lutte sociale, elles ont joué un rôle important dans l’action révolutionnaire en masse. En revanche, le monde contemporain se caractérise par une affiliation de l’individu à de multiples groupes sociaux. Ce qui fait éclater les vieux cadres d’analyse et provoque une division et diversification des mouvements sociaux, dont les mouvements féministes sont une composante. En tant que marxistes, nous devons rechercher à faire progresser les femmes dans leurs contextes sociaux, politiques et économiques, mais également dans la perception qu’elles ont d’elles-mêmes. Les mobilisations des femmes doivent rester subordonnées à la lutte des classes.

Sur le terrain social et économique, les discriminations, l’oppression s’accentue à nouveau : les femmes gagnent toujours moins que les hommes à qualification égale, il y a aussi les violences faites aux femmes, et les nombreuses entraves juridiques et matérielles à la liberté de disposer de leur corps et à contrôler leur maternité. Avec la mondialisation, l’immigration économique et climatique, la prostitution, voire la traite des femmes, augmentent. Les avancées, les acquis se perdent, alors que la société regorge de moyens d’améliorer les conditions de vie, d’éléments d’éducation et de socialisation de plus en plus grands. Toutes les oppressions ont une cause sociale. L’appropriation privée du travail est la cause principale de tous les malheurs du monde. L’oppression ne peut pas trouver de solution radicale dans le cadre d’un système où règnent la marchandise et la propriété privée, mais au contraire, dans une société où les travailleurs et la population contrôlent ce qui est produit et que le travail social n’est plus de l’exploitation, mais la participation à un projet collectif. Notre combat, celui de notre émancipation en tant que femmes, c’est le combat pour le socialisme. Seule une société où les producteurs, hommes et femmes, contrôleront autant la production et la distribution des richesses socialisées, la gestion des services publics, que leur natalité et leurs relations personnelles peut permettre une émancipation certaine. Engels dans L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat, démontrait que la famille nucléaire n’est pas une institution immuable, puisque les formes de regroupement familial et humain évoluent avec la modification des structures économiques. En changeant donc celles-ci, dans une optique de lutte des classes, on œuvre pour la libération des femmes.