Le président Broulis préfère les photos aux débats

Les discussions sérieuses autour des allégements fiscaux ont été soigneusement évitées au Grand Conseil.

Les discussions sérieuses autour des allégements fiscaux ont été soigneusement évitées au Grand Conseil.

Le Grand Conseil a choisi mardi de chercher un registre lui permettant de se ridiculiser et il a trouvé grâce aux radicaux. Au cœur de la tempête sur les allégements fiscaux des entreprises, le président du Conseil d’Etat a annoncé lundi qu’il ne serait pas présent lors du développement de trois interventions socialistes et verte sur ce sujet. Comme s’il voulait signifier combien ces interventions n’avaient aucune importance à ses yeux.

Il faut savoir en effet que les conseillers d’Etat sont toujours consultés avant la publication des ordres du jour par le président du Parlement et peuvent faire concorder les sujets avec leur agenda. Le Conseil d’Etat a-t-il fait remarquer au radical qu’il ne pouvait décemment laisser ses collègues présents nager en son absence pour répondre à l’inévitable débat qui allait se déployer ? Toujours est-il que les radicaux ont décidé de renvoyer à tout prix aux calendes grecques toute discussion pouvant mettre en cause le président du Conseil d’Etat avant les élections. Le président du groupe radical et syndic d’Aigle Borloz, plus connu pour ses pataquès que pour sa stratégie, a demandé à 14 heures de modifier l’ordre du jour et de reléguer à 16 h 30 les questions fiscales, soit une demi-heure avant la fin de la séance. Tout ça, pour permettre à Pascal Broulis d’accourir en urgence faire une « déclaration destinée à rassurer le Grand Conseil ».

Discussion fleuve

Inutile de dire que le député radical, devenu truchement de son conseiller d’Etat, a ouvert les vannes d’une discussion fleuve qui dura près d’une heure, vu la claire manœuvre visant à empêcher tout débat. Une « déclaration » n’est suivie en effet d’aucune intervention de députés, sauf si le Parlement vote l’ouverture d’une discussion. Le changement d’ordre du jour fut finalement décidé et l’on vit arriver à 16h30 un Broulis assez tendu et plutôt discret. Il fit mine d’écouter les interpellations et la motion sur les exonérations fiscales et distilla sa courte « déclaration » au contenu sans surprise, si ce n’est quelques griffures envers la presse. C’est alors, qu’à une petite voix de majorité, la droite du parlement s’autocensura et refusa que soit ouverte une discussion mardi prochain. Le dernier acte était joué. Pas tout à fait quand même, car aussitôt caméras et micros assaillirent un Pascal Broulis tout sourire et détendu sous les flashs, tout heureux d’obtenir enfin le seul enjeu d’importance pour lui en ce jour : sa photo en grand dans la presse en pleine période électorale.