Acidus, association pour la défense des usagers du service public, apporte son soutien à l’initiative « En faveur du service public » lancée par les journaux de défense des consommateurs.
Les journaux d’information des consommateurs Bon à Savoir, K-Tipp, Saldo et Spendere Meglio ont lancé l’initiative « En faveur du service public » afin que La Poste, les CFF ou encore Swisscom assurent un vrai service public. Acidus, association pour la défense des usagers du service public, soutient vivement cette initiative des milieux de défense des consommateurs. Même si les objectifs des consommateurs ne sont pas toujours les mêmes que ceux des usagers.
En effet, les préoccupations des usagers vont bien au-delà du prix de la prestation. Ils se soucient des bonnes conditions de travail dans le service public, garantie d’une prestation efficace, ainsi que de la qualité de la prestation elle-même. Ils se soucient du patrimoine matériel et immatériel des services publics qui a fait la réputation de notre pays. Ces services publics, moyens de redistribution de la richesse nationale, réalisent une solidarité entre régions et permettent de rétablir une certaine égalité, garantie de la cohésion sociale. Ils constituent des piliers de la démocratie.
L’initiative des milieux de défense des consommateurs va très loin : elle veut inscrire dans la Constitution fédérale un article interdisant au service public de viser un but lucratif. Actuellement par exemple, La Poste verse quelque 200 millions par an à la caisse fédérale et, en même temps, elle supprime des emplois et ferme des offices postaux ! Tout gain d’un service public doit être réinvesti dans l’entreprise, pour maintenir la qualité du service et un accès égal pour toutes et tous.
L’initiative demande également que les salaires versés aux responsables des services publics soient alignés sur ceux de la Confédération. Il est inadmissible que Carsten Schloter, directeur général de Swisscom, ait touché près de 1’900’000 francs en 2010 (payés avec l’argent du service public !), alors que le salaire d’un conseiller fédéral, frais de représentation inclus, est d’environ 500’000 francs. Par ailleurs, la transparence des coûts et des recettes est nécessaire. Les services publics appartiennent à tous et nous avons le droit de savoir ce qui est fait avec nos ressources. Mais on peut se demander si cette revendication a encore un sens, sachant que La Poste va devenir une SA en 2013 ou 2014 et que la privatisation des CFF et de l’électricité a déjà commencé…
Les objectifs (proclamés) de la Confédération de baisser la consommation des énergies fossiles sont en contradiction totale avec la diminution des prestations des CFF dans les régions périphériques. La politique dictée aux CFF est basée sur le profit et non sur les besoins des usagers. Elle favorise les grands axes, là où est réalisé un profit maximum. Les gens ne trouvent pas de logements à prix abordable là où ils travaillent et ils sont obligés d’habiter dans les communes périphériques, où il n’y a pas assez de transports publics. Comme les CFF délaissent des régions entières, les habitants sont contraints d’utiliser leur voiture pour se déplacer. De son côté, la Poste diminue le nombre de courses des cars postaux pour les mêmes raisons de rentabilité.
Tout cela est contraire au bon sens, à la baisse des émissions de CO2, contraire encore à une politique de mobilité douce… Mais n’oublions pas que cela va dans le sens des recettes néo-libérales de l’OMC et du FMI, qui œuvrent au démantèlement et à la privatisation totale du service public, afin d’en faire une source de profits pour quelques puissants groupes financiers !
A travers la privatisation des services publics, c’est l’Etat qu’on cherche à privatiser. D’autres réformes ou améliorations du service public doivent être entreprises. Il est par exemple urgent d’inclure dans la Constitution fédérale un article confiant la gestion, l’exploitation et la distribution de l’eau aux collectivités publiques pour prévenir toute privatisation. Le canton de Fribourg l’a fait, Genève aussi.
Cette initiative représente un pas en avant pour le maintien du service public en mains de la collectivité. C’est pourquoi Acidus l’appuie et invite les habitants de ce pays à la signer massivement. Il en va de l’avenir de notre démocratie.
Site de l’initiative : www.proservicepublic.ch