La Ville de La Chaux-de-Fonds reste solidement
arrimée à gauche. Tant au Conseil communal qu’au
Conseil général où le POP présentera 19 candidats,
dont 7 femmes et 12 hommes, âgés de 43 ans en
moyenne, dont 4 personnes de nationalité étrangère.
A noter que Francis Stähli, conseiller général
et ancien député ne se représente pas. Elu sortant
et en charge du dicastère de la culture, santé et
sport, Jean-Pierre Veya se présente à sa réélection
à l’exécutif. Avec lui, le parti lance quatre candidats :
le député Théo Bregnard et les conseillers
généraux, Maria Bello, Karim Boukhris et Pascale
Gazareth. Interview de la dernière nommée.
Comme en 2008, vous partez à cinq candidats pour
l’exécutif, quels sont les objectifs de cette candidature
multiple ?
Pascale Gazareth L’objectif est clairement de conserver
un siège POP sur les cinq que compte l’exécutif.
Ce siège est important à plusieurs niveaux. D’abord
pour que les intérêts des classes populaires ne
soient pas oubliés par l’exécutif et les chefs de services.
Quand on gagne des salaires confortables, on
oublie facilement ce que c’est de vivre avec peu
d’argent ou de travailler dans les secteurs à bas
salaires. Ce n’est pas forcément de la mauvaise
volonté, juste une distance sociale. Et puis, Jean-
Pierre Veya, qui occupe le poste actuellement, a
maintenu la tradition instaurée par André Corswant
de reverser une part substantielle de son salaire de
conseiller communal au parti. Cela finance directement
le secrétariat cantonal et la permanence
sociale. L’élection se faisant à la proportionnelle,
nous partons à cinq pour recueillir un maximum de
voix dans différents milieux. Nous avons la chance
de pouvoir compter sur Maria Belo, qui symbolise à
la fois le monde ouvrier et le droit d’éligibilité pour
les immigrés qui vivent depuis longtemps ici, ainsi
que sur deux jeunes pères de famille très impliqués
dans la vie associative locale. Ce ne sont pas des candidatures
alibi : nous avons tous une bonne expérience
politique au niveau législatif.
La rénovation du musée d’histoire pilotée par
votre magistrat, Jean-Pierre Veya, a été un des
grands chantiers de la législature à La Chauxde-
Fonds. Quelles sont les priorités du POP
pour cette prochaine législature ?
Le musée d’histoire a en
effet eu un impact très important. La votation
sur sa rénovation a changé la politique
locale très profondément. Un des aspects
importants, que nous voulons mettre encore
plus en avant pour la prochaine législature,
c’est que la politique ne doit pas rester dans
une tour d’ivoire mais aller à la rencontre de
la population. Pour faire passer des projets
dans une ville aux moyens financiers limités
et où la fiscalité est élevée, il faut aller vers la
population, pour que les gens comprennent
pourquoi on veut faire ce genre d’investissements.
D’une manière générale, plus on associe
la population, plus les projets prennent
de l’intérêt, de la légitimité et du soutien.
Nous résumons cela par « faire avec les gens
et pas pour eux ». Le temps qu’on passe à
expliquer les choses n’est pas perdu, au
contraire. La Ville a beaucoup évolué sur
l’idée de communication avec la population
et de démarche participative, notre ambition
est d’aller encore plus loin et de développer
une vraie tradition dans ce sens. Ce sera
important face aux très gros dossiers qui
nous attendent : l’hôpital et la relève médicale
en ville, les transports avec le projet de
RER cantonal, le réaménagement de la place
de la gare et le développement du nouveau
quartier Le Corbusier juste derrière la gare,
ou encore la modernisation du parc de logements
communaux, de la piscine des Mélèzes
ou du musée d’histoire naturelle. Nous
sommes dans une période où beaucoup d’infrastructures
sportives et culturelles héritées
des années fastes d’avant la crise horlogère
arrivent en fin de vie. Cela implique de gros
investissements, tout comme le développement
de l’accueil parascolaire et d’autres
besoins liés à la vie actuelle. Il faut aussi rester
attentifs aux conditions de travail dans les
usines et aux chômeurs en fin de droits.
L’horlogerie se porte bien, mais elle est très
sélective et exigeante envers son personnel.
Et la Ville ne touche que très peu d’impôts
des personnes morales comparativement au
nombre d’emplois et d’habitants. C’est donc
un exercice d’équilibriste pour maintenir des
prestations communales larges et accessibles,
qui permettent de compenser les bas salaires
de la région.
Le Conseil général chaux-de-fonnier est largement
à gauche, ce qui ne devrait pas changer.
Comment gérez au mieux cette prédominance ?
Le PS vient de célébrer par un livre 100 ans
de socialisme à la Chaux-de-Fonds. C’est vrai
que la droite locale se plaint souvent de ne
jamais parvenir à faire passer ses idées. Ce
n’est pas le cas, mais je peux comprendre
cette impression. Cela dit, beaucoup de dossiers
sont votés à l’unanimité au Conseil général,
ce qui démontre qu’ils dépassent les questions
gauche-droite. Et puis, ici aussi, tout est
question de dialogue et de respect. Quand les
arguments sont bons et présentés de manière
entendable, l’accueil qui leur est fait n’est
plus une question gauche-droite. Cela dit, il y
a aussi des questions de principe sur lesquels
la majorité de gauche tient ferme malgré les
attaques répétées de la droite. C’est en particulier
le cas des logements communaux, que
la Ville possède en grand nombre. La droite
en vendrait volontiers quelques-uns pour
apporter un peu d’air aux investisseurs immobiliers
et invoque régulièrement les coûts de
rénovation pour aller dans ce sens. Mais pour
nous, pas question de vendre : ces logements
communaux sont, avec les coopératives, un
rempart important contre les loyers spéculatifs
qui étouffent la population dans beaucoup
d’autres villes. Ils contribuent donc
directement au niveau de vie de la population.
C’est aussi un moyen de contrôler l’urbanisme,
les matériaux utilisés et la sauvegarde
du label Unesco. Ils représentent enfin
des recettes non négligeables, et la possibilité
de loger les personnes dont les régies privées
ne veulent pas, comme les bénéficiaires de
l’aide sociale. C’est clairement un point qui
nous rassemble, POP, PS et Verts, et que nous
continuerons de défendre durant la prochaine
législature. Mais ce n’est pas le seul : en
comparant nos programmes, nous retrouvons
plusieurs points communs.
(Photo Pablo Fernandez)