« La culture joue un rôle social »

ÉLECTIONS COMMUNALES NEUCHÂTELOISES • LA CHAUX-DE-FONDS • Actuel conseiller communal à La Chaux-de-Fonds en charge du Département de la culture et des sports, Jean-Pierre Veya est la tête de liste du POP, qui présente 5 candidats à l'exécutif pour les élections communales. Interview.

Actuel conseiller communal à La Chaux-de-Fonds en charge du Département de la culture et des sports, Jean-Pierre Veya est la tête de liste du POP, qui présente 5 candidats à l’exécutif pour les élections communales. Interview.

Vous avez piloté durant la dernière législature la rénovation du musée d’histoire face à l’UDC qui s’opposait à sa rénovation. Quels seront les prochains chantiers de la législature en matière culturelle ? Pourquoi la culture est-elle si importante à défendre ?
Jean-Pierre Veya En matière culturelle, les priorités sont de mener à bien un certain nombre de rénovations à La Chaux-de-Fonds. Il faut savoir que dans notre ville, il y a un important rattrapage à faire en ce domaine. Le premier chantier sera de réhabiliter la salle de musique. Celle-ci a une renommée internationale. C’est une des meilleures salles au monde pour le classique, ce qui fait que de nombreux concertistes y passent pour réaliser des enregistrements. Le législatif a déjà accordé plus de 4 millions pour cette rénovation. Le deuxième projet touche au Musée d’Histoire naturelle. Aujourd’hui, il se trouve dans les locaux de la Poste principale, mais nous nous travaillons sur la construction de nouveaux bâtiments au zoo du Bois du Petit-Château. En unifiant le musée et le zoo sous la bannière du Naturama, nous aurons une infrastructure unique en Suisse en termes de synergies. Défendre la culture est important pour trois raisons. D’une façon générale, celle-ci permet de donner une exigence de connaissance et d’intelligence à la population. Elle permet aussi de jouer un rôle social. A travers la culture et sa vie associative, on crée des liens sociaux entre générations et communautés. La culture est aussi importante en termes de qualité de vie et de tourisme. Mais pour parvenir à attirer des visiteurs, mais il faut que cela soit une conséquence d’une offre de contenu cohérente et de qualité et pas un but en soi.

La Ville de La Chaux-de-Fonds défend le maintien d’un hôpital de soins aigus sur son territoire, qu’attendez-vous du canton en politique hospitalière ? Le Canton peut-il avoir deux hôpitaux ?
Nous attendons que la Canton fasse ce qu’il s’est engagé de faire, quand la population a accepté, il y a 6 ans, le projet de Loi sur l’Etablissement hospitalier multisite cantonal (LEHM). Celui-ci prévoyait le maintien de deux sites hospitaliers. Or, depuis cette date, l’hôpital de La Chaux-de-Fonds est confronté à un démantèlement sournois. Des médecins ne sont pas remplacés, des services sont déplacés ou partiellement fermés. Dans la loi, un des premiers articles prévoit que le canton maintient deux hôpitaux de soins aigus, tout en répartissant les spécialités sur deux sites, au nom de la lutte contre les doublons. Aujourd’hui, on organise un hôpital de soins aigus uniquement à Neuchâtel. C’est inacceptable pour la population. Il est possible de maintenir deux hôpitaux dans le canton. J’ai participé plusieurs années au Conseil d’administration des hôpitaux neuchâtelois, et l’on se rend compte que les coûts de nos hôpitaux se rapprochent petit à petit des coûts habituels des autres cantons. Des économies ont été faites à travers la négociation de contrats uniques, qui ont permis des économies substantielles en matière mobilière, immobilière ou d’assurances sociales. Aujourd’hui, certains proposent d’organiser le système autour d’un hôpital principal unique, mais rien n’est chiffré et on peut même avoir de sérieux doutes sur le fait qu’une telle réorganisation puisse coûter moins cher. La population le dit clairement : conserver deux polycliniques de soins aigus ouverts 7 jours sur 7 met 24 heures sur 24 dans le canton est une condition sine qua non.

Le canton prévoit aussi de construire son RER neuchâtelois. Pourquoi est-ce important pour le canton ?
C’est capital pour l’ensemble du Canton. Le système ne va pas se déployer que sur l’axe Neuchâtel, La Chaux de Fonds, Le Locle, mais il va être une colonne vertébrale pour développer des transports publics sur le littoral, dans les vallées et même en France voisine. Il est donc capital pour permettre un vrai transfert modal. En Ville de La Chaux-de-Fonds, où nous comptons près de 25’000 postes de travail, le phénomène pendulaire tend à s’accroître, Pour maîtriser les flux, il faut proposer une alternative. Ce chantier est aussi important que celui du projet ferroviaire de la Vue-des-Alpes il y a un siècle. Nous investissons pour le siècle à venir.
Les finances de la Ville de La Chaux de Fonds sont en équilibre précaire. Quelles sont vos propositions en ce domaine ?
Dans le canton, il y a de grosses disparités des recettes issues de personnes morales. Neuchâtel encaisse, par exemple, trois fois plus de ces recettes que La Chaux-de-Fonds. Le Locle a aussi des finances florissantes du fait de la présence d’une grosse entreprise sur son territoire. Ces disparités vont encore s’accroître suite à l’acceptation populaire de nouvelle loi sur la taxation sur les entreprises qui va entrer en vigueur. Pourtant, La Chaux-de-Fonds est la ville qui offre le plus de places de travail, Nous demandons donc que l’Etat et les communes discutent, et prennent en compte ces paramètres et ces disparités pour réfléchir à une meilleure répartition des recettes fiscales.

Cette année, le conseiller d’Etat démissionnaire Frédéric Hainard se présente au Conseil communal. Les Verts présentent aussi 5 candidats à l’exécutif. Comment voyez-vous les élections communales ?
Je crois que nous avons la chance historique de remporter quatre sièges à gauche sur 5 à l’exécutif. Le PLR est plutôt affaibli. L’UDC aussi, depuis que Pierre Hainard, qui venait du parti radical et qui avait une conscience sociale a laissé son poste à Jean-Charles Legrix, qui est plutôt aligné sur l’UDC blochérienne. D’autre part, l’apparentement entre l’UDC et Frédéric Hainard paraît saugrenu, du fait que l’UDC a beaucoup attaqué ce dernier quand il était au Conseil d’Etat. Certains UDC ne sont d’ailleurs pas privés de critiquer cet accord. Il y a donc de fortes chances que le Parti socialiste conserve ses deux sièges, que le POP en fasse de même et que les Verts rentrent à l’exécutif.


(Photo Pablo Fernandez)