Les Merck Serono sont partis à 500 en prompt renfort

1er Mai • C’était la mobilisation des grands jours pour ce 1er Mai à Genève. Dès le matin, le Parti du Travail avait lancé la journée au cimetière Saint-Georges avec une cérémonie aux disparus. Dès 11 heures, la gauche et les syndicats se sont retrouvés devant la Pierre commémorant la fusillade du 9 novembre 1932. Premier orateur de...

C’était la mobilisation des grands jours pour ce 1er Mai à Genève. Dès le matin, le Parti du Travail avait lancé la journée au cimetière Saint-Georges avec une cérémonie aux disparus. Dès 11 heures, la gauche et les syndicats se sont retrouvés devant la Pierre commémorant la fusillade du 9 novembre 1932. Premier orateur de la journée, le co-président du SSP, Marco Spagnoli a dénoncé la crise du capitalisme qui fait trinquer les peuples, même en Suisse – l’exemple de la fermeture de Merck-Serono à Genève en étant l’ultime avatar. Il a aussi critiqué les attaques qui sont lancées contre les salariés de la fonction publique, que cela se fasse « dans une certaine presse », où ces derniers sont présentés comme des « privilégiés » ou du fait des autorités, qui veulent faire passer à la caisse les travailleurs pour renflouer celle du deuxième pilier. De son côté, la présidente des Verts genevois, Emilie Flamand a rappelé que son parti s’il était écologiste ne se désintéressait pas des questions sociales, tout en soulignant la menace écologiste que faisait peser sur la planète le développement d’un capitalisme destructeur. Moment phare de la journée, le défilé qui est parti du boulevard James Fazy pour rejoindre le Parc des Bastions, a été marqué par la présence massive de 500 employés de Merck Serono qui s’étaient préalablement réunis avec le syndicat Unia devant l’immense nef en verre de Sécheron. En tête de cortège, les salariés dans leur blouse blanche annonçaient la couleur sur la banderole : « Le personnel se rebif ». Allusion au médicament vedette de l’entreprise pharmaceutique. Les employés ont aussi fait savoir ce qu’ils pensaient de la velléité de la direction de transférer 750 employés ailleurs dans le monde : « En Chine, on n’ira pas », s’égosillaient les employés à leur entrée aux Bastions. A l’arrière du cortège, le tronçon du PdT a sorti ses drapeaux. Les membres de l’Union internationale de l’alimentation ont dénoncé la « Nespression » de Nestlé sur les travailleurs en Indonésie ou au Pakistan, dans l’usine laitière de Kabirwala. Plus localement, le Collectif 500 s’oppose à l’élargissement de la gare Cornavin qui va empiéter sur le quartier des Grottes. Ce 1er mai, les CFF ont pourtant annoncé qu’ils privilégieraient cette extension en surface. Dans son discours, la candidate du PS aux élections complémentaires au Conseil d’Etat, Anne Emery Torracinta a exprimé sa solidarité avec la lutte des employés de Merck-Serono, mais aussi fustigé la politique économique du Canton qui fait venir des multinationales, une monoculture qui se fait au détriment de la diversité du tissu socio-économique. De son côté, Michel Charrat, le président du Groupement Transfrontalier européen a vilipendé ceux qui faisaient des frontaliers des boucs émissaires. Il a dénoncé la préférence cantonale qu’a mise en avant la direction des HUG. Il a redit que près de 40’000 Genevois étaient eux-mêmes avaient franchi la frontière ces dernières années, en s’installant en France. Il a aussi relevé, au détour, que si les frontaliers cotisaient en Suisse, leurs indemnités chômage en France étaient nettement moindres que les locaux. Dernier à prendre la parole, Raji Adnane, secrétaire général du syndicat UGTT du bassin minier de Gafsa en Tunisie a rappelé que la lutte qu’ils ont débutée dès 2008 avait conduit à la chute de Ben Ali et à l’événement d’un Printemps arabe. Comme pour montrer que la liberté syndicale est loin d’exister partout, des militants iraniens en appelaient à la libération de militants syndicaux enfermés par Téhéran. « Notre mobilisation est un succès, vous êtes 3’000 aujourd’hui », lance alors Joël Mugny, vice-président de la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), au moment où le cortège rejoint les stands qui ponctuent les allées du Parc des Bastions. L’occasion de continuer en fête, de discuter ou de signer les initiatives encore en récolte de signatures, comme celle pour un revenu de base inconditionnel ou celle du viticulteur Willy Cretegny qui défend « une économie utile à tous », tout en préservant l’agriculture de proximité. Le tout, sous un ciel radieux.