Dans son discours prononcé à La Chaux-de-Fonds, Jean-Marie Rotzer, militant d’Unia et conseiller général du POP au Locle, a insisté sur la détérioration des conditions de travail et des cadences démentes, tout en se félicitant de l’adoption d’un salaire minimum en terres neuchâteloises.
Jean-Marie Rotzer Camarades, Je connais des familles de travailleurs qui, malgré un salaire régulier, doivent demander l’aide des services sociaux pour boucler les fins de mois. Je connais des personnes, ici à La Chaux-de-Fonds et au Locle, dont la dette auprès des impôts atteint des montants astronomiques, ce qui fait qu’elles sont aux poursuites. Je connais un père de famille qui est à l’AI suite à un accident de la route, dont la rente a brutalement diminué de 700 francs par mois parce que sa femme a perdu son travail et n’arrive pas à en retrouver malgré tous ses efforts. La pression augmente toujours plus sur nous les travailleurs.
Mais il y a aussi des victoires. En septembre dernier, le peuple neuchâtelois a accepté notre proposition de garantir à tous un salaire minimum. Ceci doit être encore concrétisé dans une loi d’application, mais le signal est donné. Il faut aussi avouer que ça n’a pas été facile. Les patrons n’en voulaient pas et essayaient de nous faire croire que ça allait vider de leur sens les conventions collectives. En fait, cela va au contraire aider à négocier pour ne plus voir des salaires en dessous de 4’000 francs par mois.
Il ne faut pas se tromper. Cette victoire, mais aussi toutes les avancées moins spectaculaires que nous avons réussies ici ou là sont le résultat d’une action collective. Sans des syndicats forts, dont les membres en font partie par conviction et non pour mendier des services, nous les travailleurs serons toujours les perdants. Encourageons nos amis, nos collègues de travail à se syndiquer. C’est indispensable.
Le fossé entre riches et pauvres, qui avait diminué au milieu du vingtième siècle, s’agrandit à nouveau. Plus grave, les conditions de travail impossibles, le mobbing, les cadences démentes imposées pour augmenter la productivité font d’énormes dégâts. Aucune statistique ne dit combien de nos camarades ont subi un tel choc que plus jamais ils ne pourront supporter les contraintes du travail en usine ou dans un bureau. Les bien-pensants les considèrent comme des fainéants, des irrécupérables, un poids pour la société. Les assurances sociales leur laissent à peine de quoi survivre. Leur solitude est terrible. Je voudrais rendre hommage ici à des actions collectives qui leur offrent un espace de dignité. Parmi de telles associations, j’aimerais surtout citer EKIR et l’ADC, mais il y en a beaucoup d’autres.
Tout ce que nous avons acquis en progrès social, nous le devons aux luttes de ceux qui nous ont précédés depuis plus de 150 ans. Nombreux sont ceux qui ont versé leur sang, qui ont subi la prison, qui ont payé le prix fort pour que nos conditions de vie aient malgré tout pu s’améliorer. Quand je compare avec ma famille, mon père et mon grand-père, ouvriers agricoles puis cheminots, notre situation d’aujourd’hui est quand même meilleure. Mais il ne faut pas oublier que, encore de nos jours, des syndicalistes sont assassinés, parfois avec la complicité de multinationales qui ont leur siège en Suisse.
Ne baissons pas les bras, gardons courage.
Vive les travailleurs, vive le drapeau rouge !