La couleur du toit déplaît à un quarteron de conservateurs

A peine décidée, la reconstruction du Parlement est menacée d'un référendum lancée par la droite.

A peine décidée, la reconstruction du Parlement est menacée d’un référendum lancée par la droite.

Le 14 mai 2002, le Parlement vaudois a brûlé. Le symbole de l’entrée du canton dans la Confédération en 1803 a été détruit, l’élégante salle du Grand Conseil a disparu. Il ne reste que ruines et désolation du bâtiment Perregaux qui fut décidé sitôt l’indépendance vaudoise enfin obtenue. Il fut érigé au cœur de la Cité, sur des bases datant du Moyen Age et face au Château, autre symbole du pouvoir. Les Vaudois de cette époque avaient tenu à affirmer leur autonomie en construisant leur Parlement. Il a fallu attendre 10 ans, soit le 12 juin dernier pour que soit enfin voté par le Grand Conseil un crédit permettant de construire un nouveau bâtiment à la place de la friche consternante qui défigure le quartier. Le Conseil d’Etat s’était longtemps montré peu empressé d’investir dans un tel projet, honteux peut-être d’avoir si mal géré la question avec l’assurance incendie. Aujourd’hui, tout cela paraît oublié.

Haury voulait des tuiles

Mais voilà, la couleur du toit du nouveau bâtiment déplaît. Il s’agit d’un métal étamé, de la couleur même, pourtant, de ces fameuses channes qui ornent plus d’un carnotzet vaudois. Le docteur Haury y voulait des tuiles. Seuls deux députés ont voté son amendement. Alors un quarteron de conservateurs, qui avaient en fait omis de saisir l’occasion de faire opposition au départ d’un projet qui ne leur convient pas, a décidé de lancer un référendum. La couleur du toit devient l’argutie qui devrait justifier leur révolte. Des radicaux en mal de popularité, quelques libéraux ancien style et le Centre patronal que l’on sent intéressé lancent le référendum.
Récolter 12’000 signatures en 40 jours sera pour eux un jeu d’enfant et le peuple devra voter. Mais le peuple vaudois devra surtout attendre encore on ne sait combien de temps pour permettre à ses élus de siéger, non pas dans une salle de cinéma comme aujourd’hui – aussi bien décorée soit-elle par le peintre Rivier comme l’aula du Palais de Rumine -, mais dans une vraie salle de parlement. Quant à ceux qui se lamentent sur la modernité du nouveau bâtiment, osent-ils prétendre qu’il y a la moindre harmonie de style entre le Château du 15ème siècle, la Cathédrale du 13ème, la Préfecture fin 19ème siècle ou l’ancienne caserne de gendarmerie, sans parler de l’Ecole de chimie, monuments de la Cité ?