Nuits lausannoises : comment s’en étonner ?

Lausanne • Les nuits lausannoises font régulièrement les unes de la presse : « émeutes », « scènes de guérilla urbaine »… Au-delà du grotesque de certains titres aguicheurs, ces événements sont inquiétants. Comme toujours dès lors qu’il est question de sécurité, le PLR et l’UDC se sont empressés d’attribuer la responsabilité des débordements à la gauche,...

Les nuits lausannoises font régulièrement les unes de la presse : « émeutes », « scènes de guérilla urbaine »… Au-delà du grotesque de certains titres aguicheurs, ces événements sont inquiétants.

Comme toujours dès lors qu’il est question de sécurité, le PLR et l’UDC se sont empressés d’attribuer la responsabilité des débordements à la gauche, coupable, une fois encore, de « laxisme ». Qu’en est-il ? Ces scènes de violence n’existent pas ex nihilo. Elles témoignent plutôt d’une parfaite assimilation, par les individus en question (les fameux « jeunes »), des injonctions répétées mille fois du marketing.

Le néolibéralisme n’a cessé d’affirmer la primauté de l’individu sur le collectif, la primauté de l’égoïsme sur les « archaïques » solidarités, la primauté de la compétition interindividuelle sur la collaboration. Si on ajoute à cela le dogme marketing selon lequel aucun désir ne peut être contrarié, nous avons quelques-uns des éléments pouvant expliquer ce type de comportements violents.

Que des bagarres éclatent à la sortie des discothèques n’est pas surprenant. Le moment de la fermeture correspond en effet à l’application d’une décision limitant la liberté des fêtards-consommateurs (de musique, d’alcool, d’ambiances,…). Or il semble qu’il n’y ait rien de plus insupportable, aujourd’hui, que de réduire ou supprimer la liberté de consommer. La logique du marché a été poussée si loin que le seul fait de remettre en cause la toute puissance du consommateur suffit à provoquer des comportements agressifs.

Travaillée au corps par la publicité, la génération du « tout, tout de suite » est parfaitement ajustée aux besoins de l’économie de marché. Comment reprocher à certains de céder à leurs désirs et pulsions compulsives, quand nous recevons chaque jour des milliers d’injonctions à le faire ?