Une élection imperdable… perdue

genève • Contre toute attente, Pierre Maudet a été élu au Conseil d'Etat avec une confortable avance sur la socialiste. Comment expliquer cette Bérézina de la gauche ?

Contre toute attente, Pierre Maudet a été élu au Conseil d’Etat avec une
confortable avance sur la socialiste. Comment expliquer cette Bérézina de la gauche ?

Ce 17 juin, c’est un véritable coup de massue qui s’est abattu sur la gauche genevoise à l’annonce des résultats de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat : 39,8% des voix pour le libéral-radical Pierre Maudet, 27,6% pour Eric Stauffer (MCG) et seulement 28,4% pour la socialiste Anne Emery-Torracinta. S’appuyant sur une base électorale d’environ 40% de suffrages, la candidate de toute la gauche était pourtant donnée largement favorite. En prenant connaissance des résultats des votations cantonales et fédérales ce 17 juin à 14h, Arnaud Moreillon, le secrétaire général du parti socialiste, envoyait encore un communiqué triomphal titré « Les Genevois votent à gauche ! »… Avant de rester muet sous la douche froide.

Comment expliquer cette Bérézina ? Certes, la gauche s’est faiblement mobilisée en faveur de sa candidate, voire pas du tout à l’instar de solidaritéS ou des syndicats. Ce qui a sans doute eu pour conséquences un recul de la participation plus important dans les quartiers populaires que dans les communes bourgeoises, par rapport à l’élection générale de 2009, ainsi qu’un renforcement des positions du candidat du MCG. Mais, à moins d’imaginer une participation massive des traditionnels abstentionnistes, il faut bien reconnaître que les électeurs habituels de la gauche se sont rendus aux urnes et qu’un nombre non négligeable d’entre eux, à chercher peut-être du côté des Verts, a plébiscité Pierre Maudet.

Un projet trop complexe face à des slogans simplistes

Le candidat de la droite a mené une campagne plus soutenue, plus professionnelle et politicienne, multipliant les réunions et les apparitions, n’hésitant pas à investir dans de la publicité sur Facebook. Tout en bénéficiant d’articles particulièrement complaisants dans les médias, qu’on songe par exemple à l’éditorial de L’Hebdo, tout au contraire de ce qu’a subi Eric Stauffer. Surtout, vis-à-vis de son principal concurrent, Anne Emery-Torracinta a souffert d’un déficit de notoriété et d’image. Ce qui est rageant dans la mesure où le conseiller administratif PLR ne peut s’appuyer sur aucun réel bilan en Ville de Genève et n’a présenté nulle solution véritable pour régler les problèmes qui gangrènent le canton. Enfin, en matière de logement ou de sécurité, le projet défendu par l’enseignante socialiste est certainement apparu comme trop complexe face aux slogans simplistes de Pierre Maudet et Eric Stauffer.

Tout cela a favorisé le réflexe légitimiste, laissant au PLR le siège devenu vacant après la démission de Mark Muller.

JPEG - 400.8 ko
Dessin Stéphane Montavon