Hommage à Pierre Guéniat, fondateur du POP jurassien

disparition • Infatigable militant, l'ancien conseiller de Ville de Delémont et député assurait la correspondance de la « Voix ouvrière ».

Infatigable militant, l’ancien conseiller de Ville de Delémont et député assurait la correspondance de la « Voix ouvrière ».

Le 24 juillet dernier, Pierre Guéniat, fondateur du POP jurassien, mourait à l’âge de 85 ans. Il avait été dès 1947 membre de la petite section du Parti du Travail de Delémont, qui ne dura que quelques années, notamment à cause des interdictions professionnelles obligeant plusieurs de ses membres travaillant aux CFF à quitter le parti s’ils voulaient conserver leur emploi. Pierre ne baissa cependant pas les bras et continua à militer à la section cantonale bernoise du PST. En 1967, avec quelques camarades et quelques dissidents du PS, il fonde le Parti ouvrier et populaire jurassien, dont Bernard Burkhard fut le premier président et Pierre Guéniat le secrétaire politique.

Comptable, son militantisme ne l’a évidemment pas favorisé sur le plan professionnel et il n’a jamais pu travailler dans sa région delémontaine, ce qui lui occasionnait de longs déplacements quotidiens à St-Imier, puis à Bienne. Cela ne l’empêchait pas d’avoir une énorme activité militante, puisqu’en plus des activités de sa section, pour laquelle il écrivait la plupart des textes (tracts, communiqués, bulletins, …), il assurait la correspondance jurassienne de la Voix Ouvrière, qu’il vendait presque tous les samedis matins en ville de Delémont.

Il fut élu au Conseil de ville en 1972, puis au Parlement jurassien en 1978, où il siégera jusqu’en 1990. Ses nombreuses interventions, souvent agrémentées de pointes d’humour, et ses qualités de débatteur en ont fait un député qui comptait, malgré la petitesse de son parti.

Mais son plus important débat, il l’a eu lors d’un face-à-face avec le conseiller fédéral Georges-André Chevallaz, ministre des finances. Le Cartel syndical avait organisé à Delémont un débat contradictoire sur la TVA soumise au vote populaire en 1977. Pierre n’était alors qu’un simple conseiller de Ville. C’est le fait qu’il était membre de la direction nationale d’un parti, le bureau politique du PST, qui a permis que Chevallaz accepte de débattre avec lui. Dans une salle comble, Pierre fut particulièrement brillant et le public, de toutes tendances politiques, fut en grande partie conquis par ses arguments.

Pierre a aussi été actif dans le syndicat FTMH, l’Asloca, la Colonie libre italienne et l’Avivo. Arrivé à la retraite, il accepta de prendre la présidence nationale de celle-ci. Mais malheureusement, peu après, en 1993, il fut victime d’une hémorragie cérébrale. Il eut dorénavant de la peine à se concentrer. Lui qui écrivait auparavant les communiqués en cours de séance, n’arrivait plus à écrire et avait même de la peine à lire. A cela s’ajouta en 1998 la douleur de perdre sa femme, Emilia, qui fut aussi une militante du POP, ainsi que du PCI. En 2011, malgré le retour de sa fille Cinzia, établie alors en Suède, sa santé ne lui permit plus de rester à la maison et il vivra sa dernière année dans un EMS en Ajoie, où il s’est éteint paisiblement.

Les popistes jurassiens, comme aussi beaucoup d’autres personnes, garderont de lui le souvenir d’un militant infatigable et exemplaire tant pour l’amélioration des conditions de vie des milieux populaires que pour son idéal communiste.