Les Vaudois sont-ils les as de la lenteur ?

Le vote sur la construction du nouveau parlement vaudois a été repoussé en mars 2013. Le temps pour les autorités de tenir compte des réticentes esthétiques manifestées par le succès du référendum.

Le vote sur la construction du nouveau parlement vaudois a été repoussé en mars 2013. Le temps pour les autorités de tenir compte des réticentes esthétiques manifestées par le succès du référendum.

Il y a 11 ans que le parlement vaudois a brûlé, laissant une ruine inaccessible et périlleuse, envahie d’herbes folles et d’arbrisseaux dont la taille promet la naissance d’une petite forêt. Onze ans que l’on attend la disparition des horribles bâches déchirées qui recouvrent ce désastre pour voir naître enfin le parlement digne de l’un des plus grands cantons de Suisse.

Les choses ont certes un peu traîné, économies obligent et problèmes avec l’Etablissement cantonal d’assurances aussi. Mais un concours d’architecture a permis un choix, il a été mis à l’enquête, puis le Grand Conseil a voté les quelque 15 millions qui devaient permettre la construction tant attendue.
Or, près de 20’000 citoyens ont dit en soutenant un référendum que le toit ne leur plaît pas. C’est leur droit le plus strict. Leur référendum montre qu’il n’est pas facile de proposer une architecture moderne et audacieuse, tant dans sa forme que dans son souci énergétique.

Le projet s’appelle Rosebud (bouton de rose), comme le mot mystérieux prononcé au début du film Citizen Kane par Orson Welles et dont la recherche constitue le sujet du film. La saga du projet architectural Rosebud risque lui de s’éterniser.

Le Conseil d’Etat et le Grand Conseil en ont rediscuté avec d’anciens présidents du parlement. Les architectes ont été associés à la réflexion. Il apparaît clairement qu’aller sans autre au vote populaire assure une défaite qui remettra la reconstruction du parlement aux années 2030 dans le meilleur des cas. Il a donc été sagement décidé de repousser le vote à mars 2013 et d’en profiter pour proposer une légère modification du toit dans sa couleur, sa texture, peut-être voire un peu sa forme, afin de pouvoir mieux expliquer à la population les avantages énergétiques et esthétiques de Rosebud.

Une rencontre avec les initiants est prévue et les groupes politiques devront se déterminer pour le 18 septembre. Légalement, de légères modifications sont possibles selon le Tribunal fédéral. Pourquoi dès lors ne pas profiter de cette possibilité Un plan B est une bonne idée, surtout qu’il ne peut être justifié qu’avant la votation.

Ceux qui voulaient un nouveau Musée d’ethnographie à Genève n’ont pas fait ce pas et ont perdu. Les défenseurs de l’Hôtel de Ville de Montreux ont commis la même erreur. On ne perd pas la face en tenant compte de ses adversaires. C’est ce que va sans doute faire le Grand Conseil « dans sa grande sagesse ».