Un mariage entre libéraux et radicaux pour blanchir le passé

Les députés de la droite torpillent le contre-projet de l'Etat sur la transparence du financement des partis.

Les députés de la droite torpillent le contre-projet de l’Etat sur la transparence du financement des partis.

Mercredi, radicaux et libéraux vaudois,
victimes de la décomposition
de leur électorat, se sont
mariés sous le nom de PLR. Avec un
radical en guise de président, Frédéric
Borloz, plus connu pour être le champion
de Pascal Broulis que le chantre
des nuances. Mais les radicaux sont les
plus nombreux dans cette nouvelle
alliance, mariage de raison qui doit
avoir fait se retourner dans leurs
tombes plusieurs anciens édiles,
d’Henri Druey à Louis Ruchonnet en
passant sans doute par Jules Muret.
Quel sera le programme de ce nouveau
parti ? C’est encore dans les brumes. On
se souvient combien les libéraux se sont
opposés violemment en 2004 au programme
fiscal de Pascal Broulis et ont
gagné. Ce n’est pas nouveau. Le socialiste
Paul Golay au siècle dernier évoquait
les deux partis en parlant du
« combat des voraces et des coriaces ».

En revanche, on a bien vu mardi combien
ces histoires d’argent les chatouillent
tous au plus profond de leurs
convictions. D’audacieux députés de
gauche ont tenté de sortir la Suisse de
l’opprobre général, puisque c’est le seul
pays parmi nos voisins à ne pas réglementer
le financement des partis. Une
initiative socialiste avait été adressée au
Conseil d’Etat. Avant les élections, on
voyait la droite louvoyer et laisser
entendre, sans l’UDC, qu’une réglementation
modérée pourrait les convaincre
d’accepter un modeste contre projet
gouvernemental.

Le parlement s’écharpe

Mais voilà, les élections sont passées, la
majorité du gouvernement a changé en
janvier. Alors, on a pu assister à l’union
sacrée, à la trouille de devoir, même
modestement, dévoiler ses comptes.
Seuls deux députés radicaux se sont
courageusement abstenus, dont un, qui
n’est rien d’autre que celui qui était le
rapporteur de la commission acceptant
la loi. Des vertelis à l’UDC, la droite a
jeté à la poubelle le projet de loi, pourtant
concocté par l’ancienne majorité
de droite du Conseil d’Etat. Une façon
de faire comprendre qu’il n’est pas
question pour elle que la population
sache combien les banques, par
exemple, ou de grandes entreprises versent
dans leurs caisses. L’absence de
transparence, voilà au moins un point
sur lequel ils se sont tous mis d’accord !
Le spectacle du parlement s’écharpant
sur la volonté majoritaire ne rien dévoiler
sur le financement des partis n’a pas
donné une image idéale des politiciens
aux téléspectateurs qui suivent les
débats en direct. Si ce n’est une image
propre à laisser croire qu’il s’agit de
camoufler des magouilles. Quant au
Conseil d’Etat, auteur du contre-projet
que tous en commission avaient
accepté, sauf l’UDC, il aurait pu retirer
ce texte voué à un échec cuisant. Cela
aurait permis de revenir ultérieurement
sur ce thème et surtout cela aurait évité
aux institutions de se couvrir de ridicule
par un débat ubuesque et stérile.