On montre la lune, les socialistes regardent le doigt

Désireux de s'acheter une bonne conscience à peu de frais, les députés socialistes ont lancé une hystérie anti-mendiants au Grand Conseil.

Désireux de s’acheter une bonne conscience à peu de frais, les députés
socialistes ont lancé une hystérie anti-mendiants au Grand Conseil.

Le 13 novembre, le Grand Conseil a sombré dans
l’hystérie anti-mendiants, initiée en toute bonne foi
par une motion socialiste qui fut acceptée. La boîte
de Pandore a ainsi été ouverte Et un article de loi inapplicable,
et d’ailleurs jamais appliqué jusqu’ici, va gonfler.
Comme ont pu enfler les flots de déclarations contre les
mendiants de la part de la droite du Parlement.

Il existe un article 23 de la loi pénale vaudoise qui
déclare que « celui qui envoie mendier des personnes de
moins de 18 ans est puni au maximum de 90 joursamende
». La députée socialiste Mireille Aubert a proposé
par motion que l’on condamne pénalement aussi « celui
qui mendie en compagnie de mineurs ». Rien à redire au
niveau des principes et de la protection des mineurs. Mais.
hélas, cette proposition n’est qu’une façon furtive d’éviter à
tout prix le débat sur la précarité extrême qui accable dans
leur pays la petite centaine de mendiants que l’on voit en
ville de Lausanne. Le nigaud regarde le doigt quand on lui
montre la lune. Faire une nouvelle loi paraît plus aisé
qu’appliquer ce qui existe, comme le préambule de la
Constitution vaudoise qui dit que la société « mesure sa
force au soin qu’elle prend du plus faible de ses membres ».

Proposer de donner plus d’embonpoint à un article de
loi, c’est une manière facile et confortable de se donner
bonne conscience, à peu de frais et sans résultat : l’article 23
n’a jamais été utilisé… Revu et augmenté, il risque aussi de
ne l’être jamais.

Personne n’a pu dire avoir vu récemment des enfants
mendier car tout le monde sait que les discussions menées
à l’époque par le municipal Marc Vuilleumier avaient mis
fin à la rare présence de bébés ou de jeunes enfants en
compagnie de mendiants. Mais cela n’empêcha pas la
motionnaire de déclarer avec le plus grand sérieux « qu’elle
préférait voir un bébé boire son biberon dans son pays
plutôt qu’être allaité par sa mère sur nos trottoirs ».

« Ces mendiants ne font pas partie de notre société »

Les vannes ont alors été ouvertes, comme par exemple
par ceux qui osent déclarer que « ces mendiants ne font
pas partie de notre société » (Jean-Claude Chollet,
UDC). La voie de l’exclusion devint béante. Comme ce
fut le cas au Conseil communal lors du ralliement des
Verts et du PS à une motion PLR qui vise à exclure des
personnes de certaines zones de la ville. Les défenseurs
de l’initiative « Stop à la mendicité par métier » buvaient
du petit-lait.

Les mendiants ne mettent pas en cause la sécurité ou
la tranquillité de la ville. Mais ils dérangent car ils sont le
signe de la misère noire et de l’injustice dont ils sont victimes.
Leur présence est la concrétisation éblouissante de
la solution extrême à laquelle ils sont contraints pour
survivre. C’est là le problème. Quels seront les pauvres
qui seront offerts ensuite à l’opprobre populaire ?