Une droite innovante… en technique comptable

jura • A l'occasion de l'adoption du budget, UDC, PLR, PDC et chrétiens-sociaux ont imposé des coupes de 2,7 millions, sans préciser leurs recettes pour le faire.

A l’occasion de l’adoption du budget, UDC, PLR, PDC et chrétiens-sociaux
ont imposé des coupes de 2,7 millions, sans préciser leurs recettes pour le faire.

Le Parlement jurassien a adopté le
budget cantonal 2013 après des
débats animés et une sortie de
salle du groupe socialiste. Après l’entrée
en matière acceptée à la quasi-unanimité,
le premier vote de « détail »
concernait une proposition d’inscription
d’une nouvelle rubrique « blocage
de l’effectif du personnel au 31
décembre 2012 » avec un chiffre négatif
dans les charges : moins 2,7 millions.
Pourquoi cette innovation comptable ?
C’est toujours la même chanson, la
droite veut des économies, veut diminuer
le nombre de fonctionnaires, mais
elle ne veut pas préciser dans quels
domaines. Donc elle ne voulait pas
enlever des montants dans les différents
départements ou services. On
inscrit sous le chapitre « Gouvernement
» un montant global négatif dans
les charges. Comment le Gouvernement
pourra-t-il respecter cela ? Il n’a
qu’à remplacer que la moitié des
employés qui partent en retraite ou
ailleurs. Des services sont-ils surchargés ?
La nouvelle loi fédérale sur les
tutelles impose de créer plusieurs nouveaux
postes ? Des employés sont déjà
engagés pour le début de l’année ? Que
le Gouvernement se débrouille.

Celui-ci (à majorité PDC-PLR) et le
rapporteur de la minorité de la commission
(PS) ont beau expliquer que la
mesure est irréalisable, UDC, PDC,
PLR et chrétiens-sociaux n’en ont cure.
33 députés ont accepté la proposition,
contre 21 (PS, CS-POP et Verts).

Une proposition semblable, concernant
les enseignants (une « charge
négative » d’un million), soutenue aussi
par la majorité de la commission a,
quant à elle, échoué de justesse, d’une
voix, du fait de l’abstention de plusieurs
députés de droite, des enseignants
pour la plupart.

Les socialistes quittent la salle

Après ce vote, le groupe socialiste a
quitté la salle pour protester contre la
décision de la droite de bloquer les
effectifs, sans vouloir indiquer du tout
quelles prestations il faut diminuer ou
supprimer, décision jugée irresponsable
étant donné que plusieurs nouveaux
emplois découlent d’obligations légales
fédérales.

La conséquence a été que sur les
décisions suivantes, la gauche était battue
d’avance, même lorsqu’elle obtenait
le soutien d’une dizaine d’autres députés.
Ainsi une subvention de 4’000
francs à l’Asloca a été refusée par 28
voix contre 16, alors qu’il manquait 13
socialistes et que c’était leur proposition.
Leur absence a permis aussi la victoire
de ceux qui ne veulent pratiquement
pas de contrôles de vitesse sur les routes
du canton. Ils ont réussi à écarter une
proposition de compromis d’une
minorité du PDC de ne louer qu’un
radar sur les deux que proposait le
Gouvernement, soutenu par la gauche
(sauf en ce qui concerne le montant des
amendes prévu, qu’elle jugeait excessif).
Le Gouvernement s’était rallié à la position
du PS, puis à celle de compromis,
mais en vain.

Au vote final, le budget a été adopté
par 38 voix contre 3 et 5 abstentions,
toujours en l’absence des députés PS.
C’est finalement un bénéfice, probablement
illusoire, de 727’000 francs qui est
prévu, à cause du blocage des effectifs
et du report d’une année de l’entrée en
vigueur de la révision de la loi d’impôt
qui devait réduire la discrimination
entre couples mariés et concubins. Sur
ce point, le canton du Jura est la lanterne
rouge, tous les autres cantons
ayant déjà adopté cette mesure décidée
par le Tribunal fédéral… en 1984 !