Les démocraties bourgeoises se moquent des hommes

L’homme privé du réel sombre dans les métaphysiques les plus spéculatives, aidé par une société de marchandises qui pour vendre à tout prix développe toutes les ruses. Shéhérazade nous a appris les mille et une façons de raconter des fables. (…) L’une de celle-ci consiste à faire passer une démocratie bourgeoise pour une démocratie populaire...

L’homme privé du réel sombre dans les métaphysiques
les plus spéculatives, aidé par une société de
marchandises qui pour vendre à tout prix développe
toutes les ruses. Shéhérazade nous a appris les mille
et une façons de raconter des fables. (…)

L’une de celle-ci consiste à faire passer une démocratie
bourgeoise pour une démocratie populaire où
le peuple souverain peut décider de son destin.
Ainsi, avec l’initiative Minder, qui défendait les petits
actionnaires contre les gros requins de la finance, on
a eu l’impression de progresser. Pour ma part, j’ai eu
la nette impression de tomber de Charybde en
Scylla et pas tellement d’évoluer. (…)

Les démocraties bourgeoises se moquent des
hommes et les jouent pour ainsi dire au « oui » ou
au « non ». Ainsi, l’avenir des mendiants. En Ville de,
Berne on a soumis par deux fois à la population le
droit de la mendicité, manichéisme qui a lui seul
ne pouvait rien régler. En votant « oui » à la mendicité,
on condamnait des êtres au désespoir, à l’indignité,
à la pauvreté et aux lendemains difficiles ;
Et en votant « non », les risques de voir les mendiants
poussés à la petite criminalité augmentaient,
la prostitution et le trafic de drogues étaient
prévisibles. Bref, le « oui » ou le « non » ne réglait
rien et se jouait pas mal de l’Homme, de l’être.
D’ailleurs, les citoyens, plus préoccupés par les
détritus et les poubelles, se foutent de plus en plus
de ce que des hommes, des femmes et des enfants
soient assignés à ces mêmes endroits, entre poubelle
et corbeille.

On assiste à une sorte de fascisation des comportements
et ce n’est pas un hasard si l’opportunisme, la
cupidité, l’avarice, la xénophobie et le racisme prennent
de plus en plus le pas. Alors quoi de plus normal
de constater la désaffection des jeunes pour la
politique, quoi de plus normal que de se vouer à un
soleil, une vieille lune, une arlésienne. Il n’y a pas de
pilote dans le bateau, pas de destin ni port d’arrivée.
En creux et en dur, le capitalisme semble dire au
peuple : « Touche pas au grisbi, salope ! » Il y a un
délitement du réel, de la raison, comme du rififi
dans le tralala…

Gian-Thierry Sparacino