Le conflit de la Providence rebondit à l’OIT

LIBERTÉS SYNDICALES • Le syndicat SSP a déposé une plainte au sujet des 22 grévistes licenciés de l'hôpital neuchâtelois.

Le syndicat SSP a déposé une plainte au sujet des 22 grévistes licenciés de l’hôpital neuchâtelois.

Le Syndicat des services publics
(SSP) et les 22 grévistes licenciés
de l’hôpital de la Providence
ne désarment pas. Le 10 avril,
le syndicat a déposé une plainte
pour violations des droits syndicaux
en Suisse auprès de l’Organisation
internationale du travail (OIT). « Si
ces licenciements ont été possibles,
c’est en raison de la faiblesse de la
protection des travailleurs dans
notre pays », a dénoncé le secrétaire
syndical Yves Mugny devant le siège
de l’organisation à Genève. Le syndicat
demande à l’OIT d’inviter la
Suisse à mettre sa législation en
conformité avec ses engagements.
« La Suisse a ratifié 57 conventions
internationales en matière de respect
du droit du travail », a expliqué
Alberto Odero, le coordinateur du
comité de l’OIT chargé du respect
des libertés syndicales qui a reçu la
plainte syndicale. « Nous allons
communiquer la plainte au gouvernement
suisse et attendre ses commentaires.
Ensuite, la plainte sera
soumise à un organe tripartite qui
établira un rapport. Celui-ci pourra
être rendu dès novembre si nous
recevons rapidement l’appréciation
du gouvernement. »

Licenciée, mais ayant retrouvé
depuis un travail, Sabine a tenu à
venir à Genève par solidarité. « La
grève est terminée parce qu’on a été
viré, mais le mouvement continue »,
assure-t-elle. Ce que confirme Yves
Mugny : « Nous allons poursuivre
nos actions. Nous organisons une
manifestation nationale de solidarité
contre les licenciements abusifs le
1er juin à Genève. Nous demandons
toujours à l’employeur d’accepter
d’ouvrir une médiation et nous
attendons le résultat de notre plainte
au tribunal des Prud’hommes. Il y a
aussi des échéances parlementaires :
le Grand Conseil neuchâtelois n’a
pas encore voté la subvention à la
Providence et doit se prononcer sur
le respect de la CCT Santé 21. » Pour
le secrétaire syndical, qui se porte
par ailleurs candidat au Grand
Conseil genevois, il
est important de ne pas baisser les
bras, il en va non seulement de l’avenir
du personnel hospitalier neuchâtelois
comme de l’ensemble des
travailleurs suisses.

12 licenciés cherchent du travail

Sur les 22 grévistes licenciés, dont
19 femmes, 12 sont encore en
recherche d’un emploi. Parmi eux,
Rose-May du service hôtelier de
l’hôpital. « Genolier veut externaliser
des services de l’intendance, on
s’est mis en grève pour défendre
une bonne CTT mais surtout nos
places de travail. Des six grévistes
de mon service aucun n’a pour le
moment retrouvé du travail. Au
chômage à 60 ans, c’est très difficile
», avoue-t-elle. « Je ne pensai pas
que nous serions traités de cette
manière par la direction de la Providence
et le Conseil d’Etat et qu’on
en arriverait jusqu’au licenciement.
Mais je me suis engagée pour une
juste cause. »