Les tenants d’une alimentation non animale descendent dans la rue à Genève pour
dénoncer les préjugés et discriminations qui les touchent et défendre la cause animale.
« Je serai à la Veggie Pride
pour dénoncer l’exploitation
animale ainsi que
l’aberration écologique et sanitaire
que représente la consommation de
produits d’origine animale et pour
retrouver des personnes qui partagent
mes convictions », explique
Jocelyn Fragnière, fervent défenseur
de la cause animale et animaliste. Le
sympathisant du POP neuchâtelois
sera aussi présent à Genève pour
soutenir les personnes qui sont
confrontées ou ressentent la végéphobie.
« Il est quand même assez
malheureux de constater qu’encore
en 2013 il est acceptable de refuser
de manger certains aliments pour
des motifs religieux, alors qu’on ne
fait quasi aucun cas des personnes
qui refusent de manger des produits
d’origine animale pour des raisons
éthiques et/ou politiques », explique
le militant. Le 18 mai, les tenants du
végétarisme descendront dans la rue
pour faire entendre leurs convictions
à Genève. La manifestation a lieu
chaque année depuis 2001 en
France, et depuis 2008 en Italie.
Cette édition 2013 sera pour la première
fois d’un événement international.
A cette occasion, les végétariens
(qui défendent une pratique
alimentaire qui exclut la consommation
de chair animale) et les végétaliens
(qui ne consomment ni viande,
ni sous-produits d’animaux terrestres
ou marins, ni oeufs, ni lait, ni
miel) veulent dénoncer les discriminations
qui leur sont faites. Par
exemple, celles qui proviennent des
médecins. « Ceux-ci expriment très
souvent une désapprobation ostentatoire
quant à ce type de régime, tout
en étant, la plupart du temps, incapables
de fournir des conseils ou de
prescrire des analyses complètes et
adaptées, ce qui révèle de sérieuses
lacunes dans leur formation en
nutrition », dénonce les organisateurs
dans un opuscule consacré à la
végéphobie. Ils soulignent aussi que
ceux qui ne mangent pas de produits
animaux sont souvent moqués,
accusés de faire partie d’une secte ou
marginalisés. Dans le cadre de l’événement
genevois, un premier happening
s’est déroulé le 17 mai devant
l’OMS pour dénoncer la partialité de
l’organisation onusienne, accusée de
vouloir inscrire le végétarisme
comme maladie psychique. Ce qu’a
finalement démenti en 2012 Tatiana
Kolpakova, directrice adjointe du
bureau de Moscou de l’OMS. Mais
pour faire cesser ces discriminations,
une pétition sera remise le jour de la
Veggie Pride au Haut-Commissariat
aux droits de l’homme des Nations
Unies. Elle exige le droit d’obtenir
des repas végétaliens équilibrés dans
toutes les institutions publiques ou
privées, d’avoir une information
médicale impartiale et appropriée ou
la possibilité de refuser un travail
contraire à leurs convictions
éthiques, Les végétariens rappellent
que l’article 18 du Pacte international
relatif aux droits civils et politiques
défend le droit à la liberté de
pensée et de conscience et que son
article 26 stipule que la discrimination
fondée sur l’opinion est interdite.
Le carnisme,
idéologie violente et dominante
L’autre axe de la Veggie pride est de
favoriser la cause animale et de s’opposer
à la tuerie des animaux de
consommation. La renommée psychologue
sociale étasunienne, Mélanie
Joy qui a donné une conférence
le 17 mai à l’Eco-site de Mamajah à
Bernex, a rappelé, que le carnisme,
terme qu’elle a inventé en 2001, est
une idéologie violente et dominante,
soutenue de surcroît par les institutions.
« Les médias jouent aussi un
rôle déterminant. Ils assurent l’invisibilité
du système par omission.
Aux Etats-Unis, on abat 10 milliards
d’animaux par an. Qui en entend
parler ? », précise-t-elle dans un
article publié dans Les Cahiers antispécistes.
Dans le sillage du livre
choc, Faut-il manger les animaux ? de
l’auteur étasunien Jonathan Safran
Foer, les végétariens tirent à vue sur
l’élevage industriel, les pêcheries
intensives et l’abattage des animaux.
Ils dénoncent la souffrance animale
dans les poulaillers. « Les poussins
mâles, ne pouvant pondre, sont tués
juste après leur naissance : ils sont
gazés ou broyés vivants. En Suisse, il
existe même un mot pour désigner
l’acte par lequel l’on écrase ces poussins :
l’homogénéisation », expliquent
les organisateurs dans un tract. Les
végétariens et les végétaliens rappellent
aussi que les animaux d’élevage
ruinent le climat et sont à la base de
la déforestation, en générant 18% de
gaz à effets de serre mesurés en équivalents
CO2. De quoi regarder à
deux fois avant de prendre son couteau
et sa fourchette et de découper
son steak.
Veggie pride internationale le 18 mai à 14h
à Place des Nations, Genève. Infos complémentaires
sur www.veggiepride.ch