Le processus de globalisation de l’économie
vient de subir un nouveau coup d’accélérateur
avec l’ouverture de négociations
entre l’Europe et les Etats-Unis.
L’objectif : créer à l’horizon 2015 la plus
grande zone mondiale de libre-échange
entre les deux territoires. Le 13 mai, le
président américain a rappelé le credo
libéral qui gouverne les pourparlers : plus
de bonheur par l’ouverture des marchés
et la baisse des droits de douane.
Evidemment, chacun devine qu’en cas
d’accord, ce seront les standards étatsuniens
qui régiront les échanges : lorsqu’on
sait combien les normes européennes
sont déjà insuffisantes, il y a de
quoi s’inquiéter.
Tandis que la Grande-Bretagne s’enthousiasme
pour le projet, la France émet des
craintes : la ministre du commerce extérieur
a demandé que les biens culturels
soient exclus de la négociation. Au nom
de « l’harmonisation » indispensable, les
normes environnementales et sanitaires
de l’UE sont particulièrement menacées.
Au menu : aliments OGM pour tout le
monde, viande aux hormones et poulet
au chlore (en 2009, les USA avaient saisi
l’OMC afin de contraindre l’Europe à
autoriser la vente des poulets US désinfectés
au chlore).
La conclusion d’un tel accord aurait des
implications dépassant le seul cadre des
relations économiques : cela signifierait
un alignement encore plus important de
la diplomatie du Vieux Continent sur
celle des USA, une capacité des grandes
multinationales d’agir encore plus librement,
ainsi qu’une vague de
fusions/acquisitions qui renforceraient
encore le pouvoir des géants économiques,
au détriment des PME, des artisans
et des indépendants.
Des questions politiques fondamentales
sont posées : les peuples pourront-ils
s’exprimer, ou faut-il s’attendre à ce que
tout soit réglé entre technocrates ? En
Europe, le parlement devra-t-il s’exprimer ?
Quid des parlements nationaux ?
C’est en tous les cas un dossier à suivre
avec attention.