C’est pas la vie en rose pour les bambins vaudois

VAUD • Il manque au moins 8'000 places d'accueil pour les enfants selon un rapport de l'IDHEAP.

Il manque au moins 8’000 places d’accueil
pour les enfants selon un rapport de l’IDHEAP.

Faible participation financière de
l’Etat, système complexe d’une
Fondation, la FAJE, qui verse
des subventions à une trentaine de
réseaux, composés essentiellement
de communes, qui assument avec les
parents le poids principal des
coûts… Cela signifie donc inégalité
de traitement et de prix selon les
régions. Voilà en quoi consiste la
complexe organisation de l’accueil en
crèches et en garderies des petits
Vaudois.

Un rapport de l’IDHEAP met le
doigt sur l’intolérable situation de
pénurie. Il manque encore au moins
8’000 places d’accueil. Or ce rapport
est sorti comme par hasard juste
deux jours après le débat au Grand
Conseil, au cours duquel la
conseillère d’Etat Nuria Gorrite (PS)
avait évoqué un « projet enthousiasmant
». Le Parlement a en effet
accepté d’accorder près de 19 millions
d’ici 2017, ce qui devrait permettre
à la Fondation de créer au fil
de ces années quelque 5’600 places.
L’ambiance était à l’autosatisfaction
ponctuée de quelques grognements
de la droite qui demandait des diminutions
d’exigences et de subventions.
Seul le groupe POP-solidaritéS
a osé vertement dénoncer les manquements,
mollement soutenu par
les Verts, concernant le manque de
places.

Ce qui cloche

L’offre ne correspond pas aux besoins
car la loi ad hoc (LAJE) laisse beaucoup
de latitude aux communes et
aux privés ce qui a fortement freiné
la mise à niveau des régions périphériques.
Ainsi Lausanne représente à
elle seule 32% de l’offre en préscolaire
collectif et près de 50% de l’offre
en parascolaire collectif. Les taux de
couverture sont très différents : selon
les statistiques du SCRIS, il est de
44% pour le préscolaire à Lausanne
et à Nyon et à peine de 6,3% à
Sainte–Croix ou dans le Pays d’Enhaut.
Pour le parascolaire, il est de
28% à Lausanne, mais la moyenne
cantonale n’est que de 9%… L’accueil
familial, l’investissement des grandsparents
ne compensent pas forcément
le manque de structures collectives.

Ces critiques n’amenèrent qu’un
fin sourire à Nuria Gorrite mais surtout
aucune réponse.

L’ancienne députée s’est coulée
aisément dans le moule.

Pourtant, alors que la conseillère
d’Etat était députée, on l’avait connue
plus combative. N’était-ce pas elle
qui, en 2010, dénonçait dans une
motion que les coûts de l’accueil de
jour reposent pour 40% sur les
parents, 44% pour les communes et
les employeurs, 1,5% pour la Confédération
particulièrement pingre et
14,%pour la Fondation FAJE ? Une
dénonciation qui fut aussi celle de
Bernard Borel qui a mis plusieurs
fois en lumière le poids financier
demandé aux parents, surtout hors
des grandes villes.

Aujourd’hui, la conseillère d’Etat
s’enthousiasme et met opportunément
de côté les critiques et remercie
sans doute le Ciel qui a permis la
sortie du rapport de l’IDHEAP deux
jours après le débat parlementaire.

Cinglant constat de l’IDHEAP

Les chercheurs ont établi qu’en septembre
2012, 4’000 enfants d’âge préscolaire
auraient besoin d’une solution
de garde pour 13,5 heures par
semaine en moyenne. La demande
non satisfaite correspond à 20% de
l’offre actuelle et même de 32% pour
les enfants de moins de 2 ans. Pour
le parascolaire, les besoins supplémentaires
correspondent même à un
quart de l’offre et concernent plus de
4’000 enfants. L’attente est souvent
très longue, particulièrement pour
les crèches : seuls 40% des parents
ont obtenu une place au bon
moment. Les autres ont attendu au
moins un an.

Ce n’est pas étonnant d’ailleurs, les
places d’accueil en nursery sont les
plus chères car elles nécessitent, et
c’est normal, une dotation en personnel
plus importante. Or, disposer
d’une place d’accueil après les
maigres semaines de congé maternité,
est un élément clé pour la poursuite
d’une activité professionnelle
de la mère.

L’appui des grands-parents est
indispensable. Une étude suisse dit
même qu’elle représente 2 milliards
d’économies par an. L’accueil familial
ne saurait être considéré comme une
solution de garde bon marché, mais
doit être une offre différente correspondant
aux réels souhaits familiaux.
Nuria Gorrite a-t-elle été enfin
ébranlée, réveillée et dynamisée par
le rapport de l’IDHEAP ?