Le canton plus suiveur que pionnier

Le débat sur la loi sur l'énergie a enflammé le Grand Conseil.

Le débat sur la loi sur l’énergie a enflammé le Grand Conseil.

La loi sur l’énergie, tant attendue,
reste influencée par le souci de ne
pas mécontenter les propriétaires.
Et surtout de ne pas leur offrir l’occasion
d’un référendum, tel celui qui, en 2012,
causa le naufrage de la loi fribourgeoise
sur l’énergie. Comme au pays de la
Sarine, c’est l’opposition à la suppression
des chauffages électriques prévue pour
2030, et promise depuis des années, qui
tétanise les groupes politiques. Ces installations
dévorent 8 à 9% de l’énergie
totale consommée. Or, la majorité de
l’UDC et le lobby des quelque 3’600
membres de « Choc électrique » n’en ont
cure. Leur missionnaire, le député PLR
Kappeler, promet « le choc frontal d’un
référendum » malgré les garanties de
subventions lors d’un changement de
système de chauffage. Didier Divorne
(POP/solidaritéS) a insisté en vain sur
l’importance de trouver des solutions de
financement pour les propriétaires sans
grands moyens financiers qui seraient
contraints de changer de système de
chauffage.

« Cette loi est inapplicable telle
quelle », s’est exclamée Isabelle Chevalley
(Vert’lib). Le PLR Jean-Marie Surer
a dévoilé avoir « travaillé tout l’été sur la
question de cette loi et les chauffages
électriques ». « Il est urgent d’attendre »,
a renchéri Fabienne Freymond Cantone
(PS). « Le but souhaité est irréalisable
», a ajouté l’UDC Michael Buffat
qui a fait partie de la poignée d’opposants
à l’entrée en matière. « Il faut rester
raisonnable et avoir la vision de la cible
dans le viseur », a complété le PDC
Mossi. Le Vert Jean-Marie Pidoux a
conclu : « Il ne faut pas donner en pâture
l’ensemble de la loi à ceux qui ne veulent
rien. »

Le compromis qui a fini par rallier
quasiment tous les groupes, consiste à
supprimer la date limite de suppression
et à ne laisser dans la loi que le principe
de l’abolition. Une initiative législative
est promise sans attendre par les Verts.
Tout en Suisse prend plus de temps
qu’ailleurs…

Ainsi, la prochaine initiative parlementaire
devrait sauver l’essence de la
loi, même si la menace de référendum
n’a pas disparu. « Le lobby patenté des
gaspilleurs », selon l’expression de Didier
Divorne (POP/solidaritéS), veille au
grain. Une partie de l’UDC ne veut pas
entendre parler de la suppression des
chauffages électriques qu’il faudrait
« laisser courir de manière naturelle ».

Ce n’est pas le seul profond point de
litige dans cette loi. Mardi prochain, la
motion du popiste Bernard Borel sur
l’étiquette énergétique des bâtiments,
motion acceptée largement par le
Grand Conseil en 2009, fera l’objet d’un
contre-projet édulcoré du Conseil d’Etat
vaudois, à majorité de gauche paraît-il.

Les autres points de la loi soutiennent
la vision fédérale de sortir du
nucléaire. Il s’agit d’un changement de
paradigme, non seulement quant à l’utilisation
possible des différentes sources
d’énergie, mais également l’approvisionnement
de plus en plus large dans le
domaine des énergies renouvelables. Le
débat se poursuivra mardi.