Ensemble à Gauche bâillonné par la RTS

ÉLECTIONS CANTONALES GENEVOISES • A l'occasion du débat télévisé sur la RTS, les candidats des partis représentés au Grand Conseil ont tenu, à quelques nuances près, des discours interchangeables sur les thèmes de la sécurité ou de l'emploi.

A l’occasion du débat télévisé sur la RTS, les candidats des partis représentés au Grand Conseil ont tenu, à quelques nuances près, des discours interchangeables sur les thèmes de la sécurité ou de l’emploi.

Le lundi 23 septembre a eu lieu la grande soirée électorale, le grand « débat » télévisé en vue des élections cantonales du 6 octobre prochain. Le peuple genevois a alors eu un magnifique exemple des considérations qu’a pour la démocratie notre télévision nationale, puis il a également pu profiter d’une magnifique démonstration de ce qu’est la pensée unique.

Sous prétexte de non-représentation au Grand Conseil, la RTS, reine autoproclamée du débat politique, n’a pas daigné inviter un représentant d’Ensemble à Gauche sur son plateau. Alors que les sept formations composant cette coalition représentent entre 10 et 15% de l’électorat genevois, si l’on se réfère aux élections des dernières années. Quel toupet, quel déni démocratique de considérer unilatéralement que toute cette partie de la population n’a pas voix au chapitre ! Gageons que toutes ces voix – devenues muettes – s’exprimeront massivement dans les urnes le 6 octobre pour un renouveau politique et contre cette confiscation de la démocratie par les médias. Relevons que ce déni de démocratie n’est pas l’apanage de la RTS, la plupart des autres médias se comportant de la même façon. En Suisse, comme dans le reste de l’Europe, il n’y a plus de réel débat politique depuis un quart de siècle, la pensée unique et le paradigme de la fin de l’histoire ont envahi nos esprits, nos médias et bien sûr une grande majorité de nos élites politiques et, même parfois, syndicales.

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« Messieurs les censeurs bonsoir ! » C’est en imitant Maurice Clavel que Rémy Pagani, tête de liste d’Ensemble à Gauche, a quitté le plateau de la RTS dont il était relégué au fond pour une toute petite intervention.

Personne ne parle plus
de répartition des richesses

Dans ce pseudo-débat politique, les têtes d’affiche des partis gouvernementaux, toutes ces têtes bien pensantes, nous ont offert un cirque électoral : ne vous faites pas de souci, nous avons toutes les solutions pour apaiser vos souffrances, vos angoisses, nous avons les solutions pour gérer ce magnifique système – qui pourtant n’est plus gérable car structurellement en crise ! Tous ces partis et leurs dignes représentants oublient de nous dirent qu’ils sont pour la plupart au pouvoir depuis des décennies ! Mais, ce 23 septembre, ils se sont dépassés, ils sont allés encore au-delà de toutes les inepties et autres hypocrisie que ces spécialistes de la démagogie politicienne nous servent à longueur d’élection… Aucune voix dissonante, aucun discours audacieux et aucun représentant des salariés et autres travailleurs pauvres et précaires, formant pourtant la grande majorité de la population ! Nous avons juste eu droit à une surenchère sécuritaire monopolisant le débat.

Aucune différence de discours entre tous les intervenants, justes des nuances entre certains n’osant juste pas prôner le retour à la barbarie et d’autres disant à peu près la même chose, mais avec une teinte un peu humaniste ! Personne pour s’opposer, pour dire qu’il n’y a pas qu’une sécurité, mais plusieurs : la sécurité physique bien entendu, mais aussi la sécurité sociale, la sécurité alimentaire, la sécurité de l’emploi, celle liée à l’incertitude d’avoir un toit sur la tête ou de finir le mois sans avoir de poursuite, etc. Nul pour souligner que les gens deviennent dangereux pour eux-mêmes et pour les autres quand ils n’ont plus rien à perdre, que si nos enfants n’ont pas d’instruction et d’éducation adéquate – dû au manque d’enseignants sacrifiés sur l’autel des sacro-saintes économies réalisées par ceux-là même qui se proclament spécialistes de la sécurité –, ils seront évidemment source d’insécurité dans le futur. Bref, tous ces intervenants s’enferment dans un schéma identique bien rodé, qui pousse à faire penser que tous les problèmes liés à notre système économique capitaliste seraient le fait de quelques individus mal blanchis, boucs émissaires, ou alors d’un magistrat qui ne construit pas assez vite de prisons…

Quant aux autres problèmes abordés dans cette émission, on retrouve peu ou prou les mêmes schémas réducteurs, les mêmes raccourcis et surtout les mêmes petites nuances dans les discours des uns et des autres. Prenons, au hasard, le thème de l’emploi : personne pour parler du rôle de l’Etat, ou plutôt celui qu’il devrait avoir vu que dans notre nouvelle constitution il n’est plus qu’un complément à l’initiative privée… Tout le monde semblait d’accord pour prôner le libéralisme, l’ouverture économique, mais personne pour parler de véritables répartitions des richesses, pour remettre en cause la sacro-sainte croissance économique – insoutenable par essence, si ce n’est pour les actionnaires des multinationales. Multinationales qu’il faut absolument accueillir en nombre à Genève avec, si possible, l’imposition la plus basse. Les Genevois iront se loger en France voisine et s’ils ne trouvent pas de travail, qu’à cela ne tienne, on leur donnera des emplois de « solidarité » payés à coup de lance-pierre et créés sur les ruines de services publics de qualité !

Il est grand temps de dire stop à toutes ces politiques assassines, il est grand temps de changer de paradigme et, surtout, il est grand temps de dire à tous ces tenants du système néolibéral, qui ne diffèrent que par le vernis qu’ils posent dessus – un peu d’humanisme ou beaucoup de haine menant à la barbarie fasciste –, qu’un autre monde est possible, qu’un autre système économique est accessible ! Posons la première pierre le 6 octobre ! Ne courbons pas l’échine, votons et faisons voter pour la différence, pour le courage et l’audace politique : votons et faisons voter pour la liste numéro 1 !


Jean-Louis Carlo est candidat au Grand Conseil sur la liste d’Ensemble à Gauche