De Neuropolis à Nécropolis

VAUD • Le transfert de Lausanne à Genève du programme « Human Brain Project » de l'EPFL est un coup dur pour le conseiller d'Etat Pascal Broulis.

Le transfert de Lausanne à Genève du programme « Human Brain Project »
de l’EPFL est un coup dur pour le conseiller d’Etat Pascal Broulis.

La consternation était sensible
mardi à la nouvelle que l’EPFL,
« faute de moyens », avait décidé
d’exporter à Genève le prestigieux
« Human Brain Project », renonçant
ainsi aux 35 millions d’investissements
décidés en urgence en mai
dernier par le Grand Conseil vaudois
pour le bâtiment Neuropolis.
Louer les locaux genevois abandonnés
par Merck Serono – et rachetés
un bon prix par Ernesto Bertarelli
qui en fut le premier propriétaire – a
paru à la Haute Ecole plus prestigieux
que de rester sur l’environnement
lausannois dont elle porte le
nom. D’autant que Genève promet
35 millions de subventions, 5 millions
d’emblée, puis un million par
an. C’est un coup dur pour le canton
et pour Pascal Broulis en charge du
dossier. Il a fait bonne mine à mauvais
jeu, comme il avait dû le faire
en 2007 lorsque la famille Bertarelli,
le plus gros contribuable du canton,
avait pour des raisons fiscales émigré
en territoire bernois, à quelques
centaines de mètres de la frontière
vaudoise.

Le financement européen de
Human Brain Project est d’une
grande importance scientifique et
économique. Le Conseil d’Etat se
console en invoquant le volet de
recherche clinique maintenu au
CHUV, comme le programme de
biologie computationnelle et son
développement à l’UNIL. Mais la
décision de l’EPFL reste un crèvecoeur.

Soucis financiers pour l’EPFL ?

Avec des antennes dans le canton du
Valais, de Fribourg, de Neuchâtel et
maintenant de Genève, l’EPFL se
disperserait-elle ? Quelle est l’importance
des soucis financiers de la
Haute Ecole ? On n’en sait rien
aujourd’hui. Certes, en comparaison
avec d’autres pays comme les USA
par exemple, 60 km de distance,
c’est de la rigolade. Mais ces 60 km
dans une Confédération comme la
nôtre, avec nos universités cantonales
financées par les contribuables
et leur mise en concurrence, cela a
de l’importance. La volte-face de
l’EPFL est-elle due à une brusque
prise de conscience de difficultés
budgétaires ou à l’expression d’une
ambition planétaire qui trouverait
mieux à se déployer dans une ville
internationale comme Piogre ? La
question reste posée.