En prévision du sommet de l’ONU sur le climat en 2015 à Paris, des « villages des alternatives au changement climatique » prennent forme.
Le 22 février dernier a eu lieu à Nantes la première Coordination européenne d’Alternatiba : 34 villes ou territoires se lancent dans l’aventure. En décembre dernier, à Genève, lors des Assises transfrontalières, nous avions décidé de concrétiser cette idée dans la région genevoise, et pourquoi pas lémanique.
Qu’est-ce qu’Alternatiba ? C’est le nom des Villages des alternatives au changement climatique organisés dans la perspective de la COP21, l’important sommet de l’ONU sur le climat qui se tiendra à Paris fin 2015. Alternatiba désigne également les processus participatifs par lesquels ils sont organisés. La méthodologie démocratique est tout à fait exemplaire.
Le premier Alternatiba a eu lieu à Bayonne, dans le pays Basque, le 6 octobre 2013, quelques jours après la publication du premier volet du 5ème rapport du GIEC, le groupe d’expert de l’ONU sur le changement climatique. Organisé par plus de 500 bénévoles qui ont rassemblé plus de 12’000 personnes, le succès de ce premier Alternatiba a été tel que l’initiative s’est répandue comme une traînée de poudre, d’abord en France, puis sur le plan international.
Ce qui réunit ces initiatives locales est un appel, qui sert de charte de ralliement – « Ensemble, construisons un monde meilleur en relevant le défi climatique » –, signé à Bayonne par 98 organisations. L’appel à multiplier les villages des alternatives, « créons 10, 100, 1’000 Alternatiba », a été traduit en 23 langues.
Aujourd’hui, quelques mois à peine après Bayonne, plus d’une vingtaine d’Alternatiba sont d’ores et déjà en cours d’organisation et se caractérisent par une forte participation citoyenne et militante. A Genève, suite aux Assises transfrontalières, nous avons ouvert une dynamique qui n’arrête pas… de nous étonner.
J’explique toujours Alternatiba en disant que c’est la conjonction de 5 « F ». Tout d’abord – et c’est cela qui est remarquable – c’est une foire de l’économie sociale et solidaire, une foire des initiatives citoyennes permettant de construire dès aujourd’hui le monde de l’après-pétrole pour certains, de l’après-capitalisme pour d’autres, mais surtout un monde durable et solidaire : des coopératives de production et de consommation ou de logement aux banques, assurances ou fonds de pensions alternatifs… et mille autres initiatives de pratiques écologiques et solidaires. Alternatiba, c’est aussi un forum, dans l’esprit des forums sociaux mondiaux de Porto Alegre à Tunis : des débats, des ateliers de discussion sur la transition, les communs, les monnaies complémentaires citoyennes, les énergies renouvelables, et toutes sortes de sujets, dont nous n’avons pas encore idée. Ensuite, Alternatiba est un festival de films, de théâtre, de musiques, engagé dans cette transition, justement. Alternatiba est également un festin, à la manière de The Meal, ce repas convivial et simultané, destiné à défendre partout en même temps la souveraineté alimentaire et la solidarité avec les paysans en lutte pour leurs terres. Enfin, et ce n’est pas rien, Alternatiba doit être une fête populaire, à la manière de la fête de la musique, ouverte à tous et permettant de faire des découvertes dans une ambiance détendue.
Prendre en main collectivement et concrètement la communauté de destin que nous formons tous, ensemble : n’est pas un défi qu’il vaut la peine de relever ?