Les syndiqués en marche pour la justice sociale

Premier Mai • A l’occasion de la journée revendicative internationale des travailleuses et des travailleurs, les syndicats et leurs membres défendront dans la rue une Suisse solidaire et le refus de toutes les formes d’exclusion.

Comme chaque année depuis 1890, les militants et syndicalistes descendront dans la rue le 1er mai en Suisse comme dans le reste du monde. «Nous voulons une Suisse juste, solidaire, sans discrimination et ouverte. C’est pour cela que nous nous battons. C’est pour cela que, en ce 125ème anniversaire de la Fête du travail, nous lançons notre mot d’ordre à travers tout le pays: justice sociale – pas d’exclusion!», annonce l’Appel de l’union syndicale suisse (USS).
Au cœur des revendications vient la riposte nécessaire contre les menaces sur les salaires et les emplois, suite à la décision de la BNS d’abolir le taux plancher entre l’euro et le franc. «Appliquant le principe selon lequel, quand les affaires marchent, on empoche les bénéfices et quand elles vont mal, on répercute les risques sur le personnel. C’est contre ces profiteurs de la crise du franc que nous nous battons», martèle l’USS. Même son de cloche à Genève. «L’enjeu de la manifestation du 1er Mai est avant tout de répondre à toutes les attaques contre les emplois et les salaires», explique Emmanuelle Joz-Roland, présidente du Comité du 1er Mai et secrétaire générale adjointe du SIT. «L’abolition du taux plancher menace les employés de paiement de leurs salaires en euros ou de baisses des rémunérations. Avant cela, il y avait le prétexte de la crise», déclare la secrétaire syndicale. «Les travailleurs sont donc appelés à lutter contre ces abus et à encourager le projet de loi déposé par la gauche et les syndicats qui a pour but de créer un programme cantonal de création d’emplois, stables et rémunérés dignement.»

Revendications salariales
Quant aux revendications salariales, elles concernent aussi bien le salaire médian que les inégalités entre hommes et femmes. En 2013, l’USS estimait que 437’000, soit 11,8% des travailleurs gagnaient moins de 4’000 francs par mois. A Genève, si l’augmentation du salaire médian dans le secteur privé, qui est passé de 6’775 à 7’042 francs, a été largement applaudie, elle cache en réalité de profondes inégalités salariales. 10% des salaires les plus élevés se situent au-dessus de 15’215 francs par mois, tandis que 10% des salariés les moins rémunérés gagnent moins de 4’153 francs. Parmi les secteurs les plus touchés se trouvent l’hôtellerie-restauration, la fabrication de machines, l’industrie ou encore le commerce de détail. A ces inégalités s’en ajoutent d’autres, d’ordre social: dans l’hôtellerie-restauration, le salaire médian qui était alors de 4’540 francs a baissé de 50 francs pour les hommes, et de 88 francs pour les femmes, passant ainsi de 4’128 à 4’040 francs. De manière plus générale, l’écart salarial entre hommes et femmes est passé de 8 à 9,7% entre 2010 et 2012. L’augmentation des salaires les plus bas, et ce de façon égalitaire, est donc un impératif.

Garantir les droits syndicaux
Cette manifestation est également l’occasion pour les syndicats de contester les projets de lois qui menacent leurs droits d’association, de liberté d’expression ou encore le droit de grève, tous trois pourtant garantis par la Constitution. «C’est pour lutter contre ces pressions que les syndicats genevois proposent de lancer une initiative populaire fédérale pour améliorer la protection contre les licenciements, qu’ils soient individuels ou collectifs, pour lutter contre la trop grande facilité à licencier permise dans le droit suisse, mais aussi pour mieux protéger contre le licenciement des délégués et militants syndicaux qui agissent sur les lieux de travail», annonce le Comité du 1er Mai.
Contre le plan de prévoyance vieillesse 2020
Enfin, le «paquet Berset» de réforme des retraites est vu comme une véritable menace pour la retraite des travailleurs, puisqu’il prévoit de faire passer l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans, d’augmenter les cotisations LPP sans augmenter les rentes, de baisser le taux de conversion ou encore de réduire le financement de la Confédération à l’assurance et hausser la TVA. «Le paiement des rentes se fera par le biais du deuxième pilier au détriment de l’AVS, et on assistera à une augmentation des cotisations», déplore Emmanuelle Joz-Roland. Un thème qui sera aussi au centre des préoccupations de l’Union syndicale vaudoise à Lausanne et Yverdon-les-Bains, avec comme mots d’ordre «Touche pas à mon salaire, touche pas à ma retraite!».
Le 1er Mai, les travailleurs et travailleuses sont invités à s’unir, car c’est dans la cohésion sociale que se feront entendre les revendications des salariés. «Au lieu de résoudre les problèmes, la droite et l’extrême droite exploitent la détresse et les peurs des gens en lançant des campagnes d’exclusion: contre les bénéficiaires de l’aide sociale, contre les rentiers et rentières de l’AI, contre les minorités religieuses et surtout contre les étrangers et les étrangères (…) C’est contre cela que nous nous battons», proclame l’USS. C’est ensemble qu’il faut défendre les emplois, les salaires, les retraites, mais aussi les droits syndicaux, en faisant entendre à l’unisson, les revendications de tous et pour tous à l’occasion du 1er Mai. «L’heure est à la justice sociale. Des salaires équitables et des rentes décentes, des conditions de travail de qualité, des emplois sûrs et l’égalité salariale entre femmes et hommes, c’est économiquement possible en Suisse», insiste l’USS.

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