Françoise Casciotta est la première citoyenne de la Mère commune

Le Locle • Dans son discours d’intronisation, la nouvelle présidente du législatif a évoqué les licenciements et le taux de chômage élevé dans la ville des Montagnes et dénoncé les causes de l'augmentation des inégalités dans une société d'abondance.

Photo Pablo Fernandez
La popiste accède au perchoir du Locle pour la seconde fois.

La popiste Françoise Casciotta a été élue présidente du législatif de la ville du Locle. Son discours, très réaliste dans le bon sens du terme, mérite un détour. Notre époque «est, semble-t-il, celle de la prospérité, celle du bien-être, celle de la haute technologie à tout niveau. La société n’a jamais produit des richesses aussi importantes. Cependant, elle n’a jamais engendré une insécurité et des inégalités aussi profondes. Dans cette société où l’on produit, où l’on construit, où la puissance économique et financière domine l’être humain, celui-ci continue de vivre dans un sentiment d’insécurité», a exprimé la nouvelle présidente. Poussant plus loin la description du monde actuel, elle a souligné avec intensité que «des peuples se déchirent, arment leurs citoyens pour tuer et détruire. La dureté de l’actualité nous décrit tous les jours les scènes de désolation et d’horreur qui se déroulent dans le monde et nous dresse une liste tragique de familles décimées, rompues parfois à tout jamais. L’homme ne sait décidément pas tirer de leçons de l’histoire, sa mémoire est-elle si courte?» Elle a ensuite rendu hommage aux femmes kurdes, militantes et mères de famille, qui défendent envers et contre tout la démocratie et salué les milliers de migrants qui, chaque jour, tentent de fuir la guerre ou la misère et qui sont honnis de certains. La Locloise ne nie pas les différences:«Elles existent, et c’est tant mieux. Elles doivent simplement être sources d’ouverture et de progression. Elles sont finalement la grande richesse de l’humanité.» Et de souligner avec conviction que nous avons tous le droit au respect. Revenant à notre pays, Françoise Casciotta a parlé des difficultés sociales auxquelles la population est confrontée, en soulignant que, ici également, des hommes et des femmes sont à la peine. Elle a porté une critique à l’Union Européenne qui a pris le chemin de l’austérité en contraignant les peuples à faire toujours plus de sacrifices, et souligné le fait que les jeunes sont particulièrement laissés pour compte. A propos du chômage, la présidente a évoqué les personnes sans emploi qui sont trop souvent stigmatisées, rejetées, prises dans une spirale à laquelle il leur est difficile d’échapper. Elles s’est montrée préoccupée par l’évolution du taux de chômage et de l’aide sociale, avec des répercussions financières devenant lourdes à porter pour la collectivité. Dans sa ville du Locle et dans la région, plusieurs entreprises ont annoncé des licenciements. Elle explique cette situation par un système marqué par le productivisme à outrance, qui représente un fiasco incontestable au niveau humain. «L’hyperconsommation d’un côté de la planète et le manque de l’essentiel de l’autre est inacceptable. Ce système capitaliste est incapable de dispenser les richesses de manière équitable, au contraire, il semble fait uniquement pour accentuer les inégalités, son seul objectif étant le profit. Il ne se soucie en rien de l’environnement, du bien-être des habitants de cette planète», a poursuivi la nouvelle présidente. Et de conclure son message en espérant que «la poignée de main historique entre Barack Obama et Raul Castro soit le symbole de cette année 2015, pour un monde décidé à prendre le chemin de l’ouverture et de la tolérance». Françoise Casciotta, de nature optimiste, reste convaincue «qu’en travaillant ensemble, dans le respect de l’autre et avec une écoute attentive, le monde a toutes les chances d’aller dans le bon sens afin de laisser malgré tout un digne héritage aux générations futures. Elle a terminé ironiquement par «un syllogisme aussi absurde qu’empreint d’humour noir. Il n’est pas de Socrate, mais peut-être d’un locataire du Château: le Haut n’aura bientôt plus d’hôpital. Tout malade une fois ou une autre a besoin de se faire soigner dans un hôpital. Donc, réjouissons-nous, il n’y aura plus de malades dans le Haut.»

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