«Sans les travailleurs, le syndicat n’est rien et ne peut rien!»

Neuchatel • Daniel Ziegler, député popiste au Grand Conseil et président du groupe POPVertsSol a souligné, dans le cadre de la fête d'UNIA, la nécessité de liens entre les organes dirigeants et la base syndicale.

Chaque année dans le canton de Neuchâtel, le syndicat UNIA effectue une réunion festive. Cette année, elle a eu lieu le 31 mai dans le village des Ponts-de-Martel. L’occasion d’inviter quelques oratrices et orateurs, parmi lesquels Daniel Ziegler, député du POP et président du groupe PopVertsSol. Dans son discours, celui-ci a évoqué la nécessité d’élargir les liens entre les dirigeants et les militantes et militants de base du syndicalisme d’aujourd’hui. Un sujet qu’il connaît bien en tant qu’ancien président cantonal du Syndicat des services publics (SSP). Ses termes nous semblent particulièrement intéressants pour améliorer l’utilité du travail syndical, c’est pourquoi nous les restituons ici.

«Que ce soit sur le plan cantonal, avec les remises en question du salaire minimum conquis de haute lutte, avec les difficultés de mise en œuvre de la CCT dans le domaine de la vente de détail, les limites criantes des possibilités de la commission tripartite; que ce soit sur le plan national, avec les répercussions souvent abusives du franc fort sur les travailleurs, que ce soit sur le plan international, avec les négociations secrètes d’accords de libre-échange, les enjeux actuels ne manquent pas. Mais ce n’est pas du difficile combat syndical contre le patronat et le capital dont je veux parler aujourd’hui – vous le connaissez mieux que moi. J’aimerais m’arrêter un moment sur une problématique interne à la vie syndicale, que j’ai connue moi-même en tant que président du SSP et qui me paraît particulièrement sensible, pour toutes sortes de raisons, dans une organisation comme UNIA. C’est du rapport entre l’appareil syndical et la base dont j’aimerais rapidement parler.

Lorsque j’étais président du SSP région Neuchâtel, je n’ai cessé de me battre pour que ce syndicat demeure un syndicat de base, alors même que tout concourait à ce qu’il se transforme peu à peu en syndicat d’appareil. Et je demeure persuadé que là se situe le nœud vital pour toute organisation syndicale. Certes, pour le secrétaire syndical débutant, il peut paraître valorisant d’arriver sur un lieu de travail comme celui qui sait, comme celui qui, attendu comme le messie, détient les solutions et va résoudre les problèmes. Mais quelle angoisse pour le secrétaire expérimenté, qui sait que seul il ne pourra rien, que neuf fois sur dix il décevra les attentes placées en lui si les travailleurs eux-mêmes ne sont pas moteurs du mouvement. Car sans les travailleurs, un syndicat n’est rien, ne peut rien. Or, c’est bien là que réside aujourd’hui le problème. Nous vivons dans une société foncièrement consumériste et hédoniste, dans laquelle les valeurs fondatrices du mouvement syndical ont de moins en moins cours. Combien de travailleurs n’adhèrent-ils aujourd’hui au syndicat que le jour où ils ont un problème et le quittent dès que le problème est réglé? Combien d’adhérents confondent-ils un syndicat avec une assurance? Combien de travailleurs considèrent le syndicat avec méfiance, comme une sorte de parasite qui vient se greffer du dehors sur leurs problèmes et les amplifier à leurs dépens? C’est que la valeur fondamentale de solidarité – et je ne parle même pas de conscience de classe – a de moins en moins cours dans notre société et sur les lieux de travail. Et c’est celle-ci que nous devons restaurer, soigner, bichonner. Non pas en tant qu’appareil qui vient prêcher la bonne parole mais en tant que travailleurs parmi d’autres travailleurs, car ce n’est qu’ensemble que nous sommes forts»