Les requérants des Tattes disent «stop»!

genève • Depuis lundi, un groupe de requérants d'asile du foyer genevois des Tattes et les personnes qui sont solidaires de cette lutte protestent contre les conditions de vie en bunker. Bien décidés à se faire entendre, ils ont occupé la Maison des Arts du Grütli

«Stop expulsions, stop bunkers!» a clamé la quarantaine d’occupants du Grütli, qui refuse le transfert de requérants d’asile dans des abris PC. © Carlos Serra

Un quotidien fait d’incertitudes et de galères. L’incendie de leur lieu de vie. L’invisibilité. Chaque jour, les chicaneries des agents de sécurité. Puis l’étincelle qui a mis le feu aux poudres: une lettre personnelle les informant de leur déménagement forcé sous la terre, dans les abris de la protection civile. «Les bunkers, c’est pour quand il y a la guerre, pas pour loger des personnes!», s’indignent les requérants d’asile du Foyer des Tattes, à Vernier (GE). Pour cette raison, lundi dernier, ils se sont mobilisés dans la cour pour protester pacifiquement contre le transfert de plusieurs des leurs. La police n’a pas tardé à intervenir pour les faire sortir du périmètre du foyer, ainsi que les nombreuses personnes solidaires accourues pour soutenir le mouvement en formation. S’en est suivie une manifestation spontanée jusqu’au centre de Genève, où les requérants et leurs soutiens sont entrés dans la Maison des Arts du Grütli. A l’heure où nous bouclons la rédaction de ce numéro, ils viennent d’y passer leur deuxième nuit et recherchent encore une alternative durable à leur hébergement dans les abris de la Gabelle ou des Trois Chêne.

Le manque de places est un problème récurrent
Car pour eux, les choses sont claires: plutôt dormir dans la rue que sous la terre. Ils revendiquent l’annulation immédiate de tous les transferts vers les bunkers. En d’autres termes, ils ne demandent rien de plus que d’être traités avec respect, comme des êtres humains et non comme des marchandises que l’on peut stocker n’importe où n’importe comment. Rien de plus que des conditions de vie dignes, ce qu’ils sont venus chercher en Europe et que la riche Suisse qui se targue tant de sa soi-disant tradition humanitaire semble déterminée à leur refuser. On sait pourtant depuis longtemps que les abris PC ne sont pas des solutions à long terme sur lesquelles on pourra s’appuyer éternellement. On sait pourtant depuis des mois que de nouvelles familles de réfugié-e-s vont arriver de Syrie et qu’il faudra les héberger. Qu’ont fait les autorités genevoises pour se préparer à cela? Comment les prendre au sérieux lorsqu’elles justifient les mesures prises à l’encontre des résidents des Tattes par l’urgence? On doit admettre qu’aujourd’hui, la question du manque de places dans les structures d’asile est un problème récurrent qui doit être résolu non pas en ouvrant des abris PC au dernier moment mais en prenant des mesures pour que les capacités structurelles des cantons soient suffisantes pour couvrir les fluctuations du nombre de demandes d’asile déposées.

En réalité, la véritable urgence aujourd’hui consiste à trouver une solution qui garantisse une vie digne à ces personnes poussées à bout, qui expriment leur colère et leurs revendications avec courage et détermination. Quant à la grande solidarité dont font preuve tant les requérants que les personnes venues les soutenir, elle ne peut que nous donner l’espoir que bientôt, leur slogan correspondra à la réalité: «Say it loud, say it clear, refugees are welcome here!» (Dites le fort, dites le clairement, les réfugiés sont bienvenus ici!).