Une initiative pour favoriser le logement

logement • L’ASLOCA lancera en septembre une initiative fédérale en faveur de la construction de logements abordables.

L’ASLOCA estime que les coopératives, qui ne représentent que 5% du parc immobilier en Suisse romande, peuvent être développées, comme ici à Plan-les-Ouates ©CODHA

L’Association suisse des locataires a adopté le lancement d’une initiative «Davantage de logements abordables», qui de-mande à la Confédération et aux cantons de mieux s’impliquer en faveur de logements à loyers modérés. Le but affiché du texte est de «sortir la Confédération de sa léthargie face à la pénurie de logements accessibles». En effet, jusqu’à présent, aucune action concrète n’a été entreprise, sauf la généralisation de la transparence du loyer précédent, et ce malgré les promesses du Conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann lors de sa conférence de presse du 15 janvier 2014. Au contraire, c’est la tendance à la maximisation des rendements des terrains qui est mise systématiquement en avant y compris pour ceux appartenant aux CFF ou à La Poste, entités auxquelles on demande d’appliquer «le rendement usuel de la branche immobilière» dans le cadre de leurs objectifs stratégiques fixés tous les quatre ans par le Conseil fédéral. Or, ces terrains sont souvent situés au cœur des villes, exactement où les besoins sont les plus importants. Cette politique de recherche du profit à tout prix exclut l’accessibilité au logement à de plus en plus de familles aux revenus modestes. Pierre Zwahlen, secrétaire général de l’ASLOCA, rappelle que le logement est le poste le plus important au budget des ménages en Suisse avec une moyenne de 20% pour les locataires et 11% pour les propriétaires. Mais pour bon nombre de personnes ayant des ressources limitées, ce chiffre peut dépasser les 30%. Les coopératives d’habitations ont souvent des loyers inférieurs de 20 à 25% du prix du marché et Pierre Zwahlen de souligner à quel point elles peuvent encore être développées, spécialement en Suisse romande, où elles ne représentent que 5% du parc immobilier. C’est à partir de septembre qu’est prévue la récolte des signatures. Coopératives habitations suisse a d’ores et déjà apporté son soutien à l’initiative. Espérons que d’autres mouvements auront rejoint l’ASLOCA d’ici là afin de donner plus de poids au texte.

Baisse des loyers actuels
Cette démarche s’inscrit également dans le cadre de la baisse des taux hypothécaires. En effet, depuis 2008, ils sont passés de 3.45% à 1.87% ce qui représente, sur un volume hypothécaire de 870 milliards de francs, plus de 14 milliards d’intérêts par année. L’ASLOCA encourage donc les locataires à demander des baisses de loyers à leurs propriétaires, car ils sont en droit de bénéficier de cette diminution inscrite dans le droit du bail qui stipule que le loyer devrait baisser de pratiquement 3% lorsque le taux de référence diminue d’un quart de pour-cent. Si les loyers existant étaient plus justes, les tensions seraient déjà apaisées. Sans parler des logements à construire et dont les loyers devraient être plus encadrés.

A la réaction de la Fédération des propriétaires fonciers (HEV) qui voit dans l’initiative une série «d’entraves à la construction de logements privés», Pierre Zwahlen répond que de «demander qu’un logement sur dix soit à loyer modéré ne peut pas être considéré comme vorace». De son côté, l’Union suisse des professionnels de l’immobilier (USPI), si elle admet que «l’offre de logements doit répondre aux besoins des différentes catégories de la population», elle n’en rejette pas moins l’initiative, car celle-ci défend le droit de préemption pour les communes et les cantons ce que l’USPI qualifie d’«inadmissible». Selon elle, la construction de logements doit être encouragée notamment en réduisant l’imposition des propriétaires sur leurs gains si un certain nombre de logements sont construits. Autrement dit, plus on construit, plus on touche de loyers et plus on est exonéré. Y-a-t-il quelque chose de pourri au royaume de l’immobilier suisse?