Le piano dans tous ses états à la SMC

Musique • Pour ouvrir sa saison, la Société de musique contemporaine de Lausanne donnait carte blanche au pianiste Alfonso Gomez.

Sa remarquable technique permet tout au pianiste espagnol Alfonso Gomez, qui ouvrait la saison de la Société de musique contemporaine de Lausanne. Et sa curiosité, doublée d’une indéniable sensibilité, le conduit à puiser dans le répertoire contemporain des pièces qui mettent l’instrument dans tous ses états, certains plutôt décoiffants: ainsi cette partition de Ramon Laskano, Iargi Uneak, qui ne se joue pas sur le clavier mais en lâchant brusquement la pédale, en tapant sur le bois du cadre pour faire résonner les cordes dans une sorte d’expérimentation du son et du silence quelque peu désarçonnante ou, à l’opposé, un déferlement de notes qui créent un continuum sonore jouant sur le timbre ainsi constitué dans Territoire de l’oubli de Tristan Murail, spécialiste de la musique spectrale.

On retiendra encore de cette soirée le sofferte onde serene… pour clavier et électronique de Luigi Nono, une œuvre émouvante, forte, mais dont j’avoue ne pas bien voir ce qu’apporte la bande magnétique qui mêle des sons préenregistrés au jeu du pianiste. Sans entrer dans le détail du programme, López López, Andre, Nono, Maresz, Laskano et Murail, saluons son originalité qui augure d’une saison fort intéressante.

Des ambitions bien définies
Les ambitions de la SMC sont clairement définies: «Etre et demeurer un lieu de création, d’expression et de diffusion sans distinction d’écoles ou d’esthétiques pour les compositeurs suisses et étrangers, et participer à la création d’un patrimoine; encourager les interprètes qui travaillent le répertoire de la musique contemporaine; offrir aux étudiants de la Haute Ecole de Musique de Lausanne (HEMU) la possibilité de se familiariser aux nouveaux langages musicaux et de se frotter à l’expérience unique du concert; initier le public à l’écoute de la musique de notre époque et lui offrir pour un prix modeste plusieurs approches de qualité de cette musique, partager sa passion.»

Deux créations sont à l’affiche de cette saison: le Song Cycle : Pro tempore pour soprano, accordéon, contrebasse et électronique (2015) de Natalia Dominguez Rangel le 23 novembre, Las Flor Mas Rara pour clarinette basse, violoncelle, contrebasse et électronique de Francisco Huguet le 29 février. Un concert-portrait Wolfgang Rihm le 9 novembre et Concertini de Lachenmann, dirigé par William Blank le 14 mars seront présentés en début de soirée par Philippe Albera. Il faudrait citer encore toutes les œuvres pour duo, trio, ensemble, voix, chœur, de compositeurs connus ou inconnus, à découvrir en dix concerts fixés à 19h à la salle Utopia l de la Haute Ecole de Musique de Lausanne (HEMU), rue de la Grotte 2. Bornons-nous à annoncer le prochain concert qui aura lieu le 26 octobre avec une Missa Nova pour 12 voix et 7 instruments de Lukas Langlotz.