Alors que s’ouvre la COP21 à Paris…

La chronique féministe • BNP, la première banque française, parraine la COP21, mais ces cinq dernières années, elle a engagé, en investissements directs et indirects, 6 milliards $ dans le charbon, le pétrole et le gaz, énergies réchauffantes. Soit 9 fois plus pour faire grimper la température que pour la laisser tranquille! Du coup, les Amis de la Terre ont placé la BNP parmi les 9 finalistes du prix Pinocchio, décerné le 3 décembre aux multinationales «les plus climaticides»...

La 21ème Conférence sur le changement climatique a lieu du 30 novembre au 11 décembre 2015 au Bourget, en France. Chaque année, les participant-e-s de cette conférence se réunissent pour prescrire les mesures à mettre en place dans le but de limiter le réchauffement climatique en dessous de 2°C. Cette convention reconnaît l’existence d’un «changement climatique».

Pendant 12 jours, les représentant-e-s de 150 pays vont discuter et tenter d’élaborer un accord limitant les émissions de CO2. Le problème, c’est qu’on est déjà aux 2° et que si l’on arrêtait toutes les émissions toxiques d’un coup, l’effet d’inertie durerait plusieurs années. Les assureurs ont calculé qu’un monde à +2° pourrait être assurable (évaluation à 5’500 milliards $), un monde à +4° ne le serait plus. A quoi il faut ajouter tous les coups tordus qui vont aggraver la situation. Un exemple, BNP, la première banque française, parraine la COP21, mais ces cinq dernières années, elle a engagé, en investissements directs et indirects, 6 milliards $ dans le charbon, le pétrole et le gaz, énergies réchauffantes. Soit 9 fois plus pour faire grimper la température que pour la laisser tranquille! Du coup, les Amis de la Terre ont placé la BNP parmi les 9 finalistes du prix Pinocchio, décerné le 3 décembre aux multinationales «les plus climaticides».

Une tonne de charbon consommée dégage 3,5 tonnes de gaz carbonique, une tonne de pétrole en émet 2,7 et une tonne de gaz 2,3. Comme le charbon est trois fois moins cher que le gaz, les pays émergents y recourent presque exclusivement, ainsi que certains pays avancés, comme l’Australie, qui continue d’ouvrir des mines, ou la Pologne, qui en tire 90% de son électricité. Pour tenir les 2°, il faudrait que les Etats-Unis renoncent à exploiter 92% de leurs réserves de charbon, l’Afrique 90%, l’Europe 78%, la Chine et l’Inde 70%… La Chine, avec 27% du total mondial, est le premier émetteur de gaz à effet de serre, consomme autant de charbon que le reste du monde, et connaît une croissance de 7%. Elle a promis qu’elle cesserait d’augmenter ses émissions en… 2030! Tout étant désormais «made in China», les usines tournent à plein régime et les biens importés de Chine par les pays occidentaux contribuent pour moitié à la hausse de ses émissions.

Nicolas Hulot a beau se démener, François Hollande gonfler ses plumes, je ne vois pas comment on peut arriver à un résultat raisonnable. En effet, les chefs d’Etat, surtout préoccupés par leur réélection, se soumettent à l’économie qui, elle, ne pense qu’à faire du fric le plus rapidement possible, au mépris des populations, du bien commun et de la santé de la Planète, comme le font les mafieux.

Depuis des décennies, des experts donnent l’alerte, livrent des constats, des chiffres, des tableaux. Chacun-e peut observer, à son niveau, le réchauffement climatique, comme ce mois de novembre 2015 exceptionnellement doux, regarder, à la télévision, les glaciers s’effondrer, les ours blancs dériver. Certaines régions connaissent des conditions météorologiques extrêmes, comme les sécheresses, les ouragans, les pluies diluviennes, les crues, mais malgré les conférences annuelles, rien ne bouge véritablement. Les chefs d’Etat semblent tétanisés. Et pourtant, il y va de la survie des espèces animales, dont l’humaine.

Personnellement, je n’arrive pas à comprendre qu’on ne mette pas tout en œuvre pour sauver ce qui peut encore être sauvé de l’environnement, donc de l’humanité. Ces chefs d’Etat, ces entrepreneurs, ces directeurs de multinationales ont eux-mêmes des enfants, voire des petits-enfants, pourquoi ne pensent-ils pas à leur avenir?

Quand je vois les photos des représentant-e-s des différents pays, je suis chaque fois déprimée, non seulement parce que je lis la duplicité derrière chaque visage, mais surtout parce qu’ils constituent un alignement presque ininterrompu de costumes sombres. Sur la liste fournie par Google, je n’ai dénombré que 11 femmes, qui représentent l’Allemagne (Angela Merkel), la Norvège, la Suisse (Simonetta Sommaruga), le Brésil (Dilma Rousseff), le Chili (Michelle Bachelet), ainsi que le Costa Rica, Maurice, le Kosovo, la Lituanie, le Bangladesh, la Corée du Sud.

Quand je vois ce monstrueux déséquilibre entre les costumes sombres et les quelques tenues plus claires (bien que, hélas, plusieurs ministres ou cheffes d’Etat s’habillent de noir), je me dis que rien de bon ne peut en sortir.
Contre l’avis général, même celui de la plupart de mes amies féministes, je pense que les femmes sont plus respectueuses de la vie puisqu’elles la donnent, et sont mieux à même de la défendre. A une certaine époque, on me balançait régulièrement le nom de Margaret Thatcher quand je défendais mon point de vue. Certes, elle a été un des pires chefs d’Etat élus si l’on envisage le bien commun: elle a cassé les grèves, les mineurs, les transports publics avec une régularité de robot, elle a déclenché la guerre des Maldives, elle a détruit, avec Reagan, l’équilibre monétaire mondial et provoqué, indirectement, les crises que nous payons encore.

Mais à l’époque, elle était pratiquement la seule femme cheffe d’Etat et pour arriver à son poste, il a fallu qu’elle joue avec les mêmes armes que les hommes. Ne prétendait-elle pas être le seul mec de son gouvernement?
Je pense que si le pouvoir (politique et économique) était également réparti entre les femmes et les hommes, le monde irait mieux et serait moins violent. Récemment, des études effectuées sur les effets de la crise ont démontré que les banques qui avaient le mieux résisté étaient celles dont les postes de direction étaient occupés par au moins 35% de femmes, notamment parce qu’elles prennent moins de risques et pensent davantage à long terme. Ceci semble corroborer mon avis. C’est pourquoi je prône la parité en politique comme en économie, dans tous les lieux où se prennent les décisions qui influencent la vie quotidienne des habitant-e-s de la Planète.

En fait, je pense que les solutions viendront non pas du haut mais de la base, du local. Et dans la base, il y a autant de femmes que d’hommes… Il reste donc un espoir de sauver la Terre.