Alors bon, les femmes ont pu voter en Arabie saoudite pour la première fois, mais enveloppées de leur prison de tissu et sans pouvoir conduire jusqu’au local. 6000 candidats hommes et 900 femmes briguaient un siège dans les 284 conseils municipaux, des assemblées aux pouvoirs limités qui sont les seules dans le royaume à être composées de représentants élus. 2 femmes ont été élues. La conférence sur le climat a accouché d’un accord un peu plus positif que prévu, le premier accepté par tous les pays, mais aucune mesure n’est contraignante. Cependant, le film «Demain», actuellement en salle, démontre ce que l’on peut faire individuellement, au local, à voir absolument. Des terroristes sont activement recherchés en Suisse et la police est sur les dents. Guy Parmelin a été élu au Conseil fédéral où il reçoit le Département de la défense et des sports, mais Ueli Maurer va aux Finances. Quand il défendait le Gripen, Maurer n’en avait pas étudié les documents parce qu’ils étaient rédigés en anglais! Parmelin ne vaut guère mieux quand il parle la langue de Shakespeare ou celle de Goethe, qui doivent se retourner dans leur tombe. Dire que cet homme a passé onze ans au National et qu’il n’est toujours pas capable de parler la première langue nationale. Désolant. On n’imagine pas une femme élue à ce niveau qui ne maîtriserait pas les langues…
En cette veille de Noël, je vais à nouveau choisir un sujet apparemment futile: l’habillement. Sur la photo du nouveau Conseil fédéral, en train de prêter serment, il y a 6 hommes, avec le chancelier de la Confédération, et deux femmes. Les 6 hommes portent un costume foncé, de noir à bleu marine, il n’y a que la couleur de la cravate qui change. Malheureusement, les deux femmes portent aussi du noir, Doris Leuthard une tenue qui ressemble aux costumes masculins, et Simonetta Sommaruga, si elle arbore une jupe beige, l’a assortie d’une veste noire. Je ne sais pas si les politiciennes choisissent de ressembler aux hommes, ou si le noir leur déteint dessus, mais je le regrette. Comme elles sont partout minoritaires, elles pourraient afficher des couleurs, afin qu’on les voie, comme le fait la reine Elisabeth, par exemple. Angela Merkel privilégie, certes, des vestes, mais elle les choisit de couleur vive. Ségolène Royal a également le don de se mettre en valeur. En outre, ce serait bien que les hommes montrent un peu de fantaisie également!
Récemment, j’ai vécu un épisode intéressant qui m’a beaucoup fait réfléchir. Nous devions nous retrouver à cinq dans une librairie pour lire nos poèmes, trois hommes et deux femmes. J’ai suggéré que les hommes fassent attention à leur tenue, à ne pas arriver en jean et pull informes, afin d’honorer la poésie et le public. Deux d’entre eux ont réagi négativement, invoquant leur liberté et me taxant de maîtresse d’école, ce que, par ailleurs, j’assume totalement. Finalement, les trois hommes portaient une tenue correcte, ce dont je les ai remerciés. Dans mon courriel, je précisais que ma remarque ne concernait pas l’autre femme. En effet, j’ai toujours constaté, dans ce genre de circonstance, que les femmes se donnent de la peine pour apparaître sous le jour le plus favorable et je me suis demandé pourquoi.
Depuis l’enfance, on habille et coiffe joliment les filles, puis on leur demande de ne pas courir, de ne rien faire qui pourrait salir leur belle robe, alors qu’on valorise les activités physiques chez les garçons, auxquelles sont adaptés leurs vêtements.
Dès l’adolescence, les jeunes filles lisent des publications qui, notamment, leur expliquent comment choisir leurs vêtements, les accessoires, leur rouge à lèvres, leur vernis à ongles… poussant à ce que la mode devienne l’une de leurs préoccupations. Cela continue à l’âge adulte, les revues féminines consacrent la moitié de leur contenu, publicité comprise, à l’apparence. Ce phénomène est amplifié par les affiches, les spots publicitaires, etc. Le sujet semble si important que des livres entiers y sont consacrés, comme les conseils de la baronne de Rotschild. La plupart des femmes se soumettent à ce dressage, dépensent des sommes importantes en habits, accessoires, produits de beauté, etc.
Parfois, dans une boutique, les femmes se laissent influencer et achètent n’importe quoi. Récemment, j’ai essayé acheté une veste à franges, à la Davy Crockett. Mais me suis rendu compte, à la maison, que les franges des manches trempent dans l’eau quand je fais la vaisselle, ce qui n’est vraiment pas pratique. Avec ce genre de veste, il faudrait avoir une domestique qui s’occupe des tâches ménagères. J’ai vérifié: les franges ne m’empêchent pas de taper à l’ordinateur ni de manger, c’est toujours ça. Les cow-boys se contentaient de tirer et ne faisaient pas la vaisselle. Parfois, je me demande pourquoi, nous, les femmes, avons à cœur de nous procurer des vêtements dont nous pensons qu’ils nous mettent en valeur. Pour plaire? Pour se plaire à soi-même? Afin que l’image renvoyée par le miroir nous fasse plaisir? Pour se sentir bien?
Si une femme accède à une fonction publique, elle est autant jugée sur son apparence physique que sur ses capacités, ce qui n’est pas le cas des hommes.
Les garçons et les hommes sont généralement épargnés par la dictature de l’apparence. L’importance est ailleurs: dans la formation, l’emploi, le fait de monter dans la hiérarchie, de faire de la politique. Il leur suffit, dans toutes les circonstances, de porter un complet. Mais certains résistent et refusent catégoriquement de porter une cravate, par exemple. Ou font de la provocation en mettant un jean et un pull informes, ou se moquent carrément de leur aspect. Il leur suffit d’être présent. Pour les femmes, c’est beaucoup plus compliqué.