Lex Zacharias II, le retour…

Genève • Un référendum est lancé pour contrer une nouvelle loi voulue par les barons de l’immobilier et votée par le parlement.

Après un succès en votation inattendu et inédit l’été dernier pour une loi autorisant la transformation de locaux commerciaux en logements sans contreparties de garantie de maintien de loyers modérés, l’industrieux député MCG Zacharias, accessoirement propriétaire de nombreux immeubles à Genève, a remis l’ouvrage sur le métier et le Parlement cantonal a accouché d’une nouvelle loi s’attaquant à la protection des locataires au profit des milieux immobiliers. Appelée à modifier la LDTR (Loi sur les démolitions transformations et rénovations) dans le cadre de «mesures de soutien en faveur des locataires et de l’emploi» et promettant «plus de liberté pour les locataires», elle permettrait la vente d’appartement «à la découpe», appartement par appartement, au cas où locataires et propriétaires se mettraient d’accord.

Retour vers le futur
Le comité «Stop aux attaques contre la LDTR», mené par l’Asloca, a déposé les signatures nécessaires au référendum contre ce qu’il estime être une tentative de retour à la situation des années 80 et aux méthodes de «congés-ventes», qui firent le lit de la spéculation galopante et mirent de nombreuses familles à la rue du jour au lendemain. Cette fois-ci, on inverse le principe, mais toujours au profit du bailleur, comme l’explique le comité référendaire: «Dans les années 1980, les locataires se voyaient confrontés à «paie ou quitte», tandis que, en 2016, ce sera «je ne te veux pas comme locataire si tu ne peux pas acheter». L’objectif à terme pour les milieux immobiliers serait de réduire le parc locatif, faisant ainsi d’une pierre deux coups: moins de locatif fait augmenter les loyers en temps de pénurie et plus d’appartements peuvent devenir objets de spéculation. Parallèlement, la constitution progressive d’une classe de petits propriétaires constituerait en soi une victoire sociologique et rendrait plus difficile la défense des droits des locataires, un processus qui est déjà en cours au vu du résultat des dernières votations.

Sommes colossales en jeu
Plus globalement, la loi s’inscrit dans une stratégie de démembrement de la LDTR, comme le commente le député socialiste Christian Dandrès, de l’Asloca: «Il y a d’autres projets en cours pour réduire le champs d’application de la LDTR, par exemple faire baisser le seuil du taux de vacance de logement où la loi s’applique de 2 à 1.5%, on grignote ainsi petit à petit. La vente au locataire en place serait en ce sens une victoire d’étape, c’est pourquoi les barons de l’immobilier vont s’investir à fond dans la campagne au regard des sommes colossales en jeu».