A Genève, bilan mitigé avec des éclaircies

Il faut le dire • Que retenir du pléthorique scrutin cantonal du 28 février et de ses huit objets genevois?

Pour la gauche combative, le refus en Ville de Genève du projet démesuré de rénovation du Musée d’art et d’histoire est à saluer. Ce refus de la convention public-privé, qui donnait des privilèges léonins à la Fondation Gandur pour l’art en échange de 40 millions, met fin à un projet périlleux de privatisation rampante de cette institution culturelle. Pour le reste, le bilan est mitigé. Si les Genevois ont refusé une des deux coupes budgétaires (celle sur les baisses des prestations complémentaires) décidées par la droite contre la population la plus fragilisée, ils ont approuvé celle sur les subsides d’assurance maladie et ont soutenu des réductions de l’aide au logement.

Mais soyons positifs et ne prêtons pas aux Genevois la volonté de sombrer définitivement dans les eaux glacées du calcul égoïste! Le score sur ces objets ayant été particulièrement serré, Ensemble à Gauche estime qu’un sérieux avertissement a été lancé à la majorité de droite et que le peuple «a montré un véritable sentiment de défiance de la population face aux économies sur le dos des plus démunis». C’est de cette façon que doit aussi être lue la décision des Genevois de maintenir le pouvoir discrétionnaire du Conseil d’Etat en matière d’exonérations fiscales pour certaines entreprises. Alors qu’ils étaient 31% à s’opposer aux forfaits fiscaux en 2014, ils sont aujourd’hui près de 41% à refuser ces privilèges inéquitables. Le signal est encourageant, à l’heure où les discussions sur la RIE III (3ème réforme de l’imposition des entreprises), qui conduira à des pertes fiscales massives pour le canton, s’embraient.

Du fait de la crise du logement, entretenue par les milieux immobiliers qui bénéficient d’une rente de situation, il était aussi difficilement concevable que les Genevois refusent le projet de création de 1’500 logements aux Vernets. Le coup de force sur le surcoût de 20 millions pour un transfert de la caserne à Meyrin-Mategnin et les manigances autour de la mystérieuse convention entre Genève et l’armée suisse auront amplement été mis en pleine lumière, montrant tout le manque de scrupule du Conseil d’Etat dans cette affaire.