Il faut défendre la laïcité

la chronique féministe • Récemment, l’affaire de l’école de Therwil, 10’000 habitant-e-s, à Bâle campagne, a défrayé la chronique.

Récemment, l’affaire de l’école de Therwil, 10’000 habitant-e-s, à Bâle campagne, a défrayé la chronique. Deux jeunes garçons musulmans de 14 et 15 ans, qui vivent en Suisse depuis plusieurs années, refusent de se plier au salut quotidien en invoquant des raisons religieuses: l’islam leur interdirait de toucher la main d’une femme. Après en avoir discuté avec le corps enseignant, la direction de l’école secondaire décide d’accorder une exception aux deux adolescents, à condition qu’ils ne serrent pas la main des enseignants masculins non plus, afin d’éviter une discrimination entre hommes et femmes.

Professeurs et directeurs de l’instruction publique condamnent unanimement cette décision. Michaël Weiss, de la faîtière des enseignants de Bâle-Campagne, affirme que la liberté de religion ne peut justifier en aucun cas cette exception. Serrer la main du professeur est une pratique tout à fait habituelle. Dans la rue, refuser une main tendue s’apparente à de la grossièreté, voire à un signe d’agression. Dans la classe d’école, c’est une entorse au respect de l’autorité de l’enseignant-e. Monica Gschwind, directrice du département, estime que les mêmes règles doivent s’appliquer à tous. C’est aussi une question de société: hommes et femmes doivent être traités de la même manière. Le président de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP), Christoph Eymann, est du même avis.

Mallory Schneuwly Purdie, sociologue, s’intéresse de près à la minorité musulmane de Suisse. Elle aussi estime que l’école n’a pas pris la décision adéquate: « Si ces jeunes viennent d’une famille fondamentaliste, c’est bien au travers de l’école qu’ils peuvent apprendre d’autres codes culturels et sociaux. C’est le rôle des enseignant-e-s de transmettre les codes et valeurs telles que l’égalité des sexes et le respect de l’autre». Le président de la Fédération des organisations islamiques de Suisse (FOIS), Montassar BenMrad, affirme qu’il n’y a pas de référence, dans le coran, légitimant le refus de serrer la main d’une enseignante.

L’histoire a fait réagir jusqu’à la ministre de la justice Simonetta Sommaruga. Sur les ondes de l’émission 10vor10 de la SRF, la conseillère fédérale a jugé que cette mesure va trop loin: «Il faut être clair. Serrer la main fait partie de notre culture et de notre quotidien. Ce n’est pas l’idée que je me fais de l’intégration.»

Quand j’ai entendu la nouvelle pour la première fois, je n’en ai pas cru mes oreilles. Un autre cas m’a aussi scandalisée, dimanche soir, dans l’émission «Mise au point». Après l’affaire de Therwil, on nous a parlé d’Emir Tahirovic, un musulman d’origine bosniaque, qui pratique un islam rigoriste et arbore une barbe si abondante qu’on dirait un postiche. Il ne veut pas que sa fille de 14 ans aille aux leçons de natation, même en burkini: «Quand le maillot est mouillé, il laisse apparaître ses lignes.» Sa fille adolescente a des seins, quelle horreur! En poussant les recherches, on apprend que ce personnage habite en Suisse depuis 25 ans, largement le temps d’avoir assimilé les us et coutumes du pays, et que, sans travail depuis plusieurs années, il survit grâce à l’aide sociale! En plus, il refuse de collaborer avec le personnel féminin. Il a même été condamné à 4 mois de prison ferme pour ses différents refus. Est-on obligé de garder en Suisse des étrangers qui refusent obstinément de s’intégrer?

L’Occident a fait un grand pas vers le progrès et l’égalité quand les Etats ont décidé la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Aux Etats-Unis, la religion est séparée de l’Etat par le premier amendement du 12.12.1791 de la Constitution de 1787. Elle existe en Suisse au niveau fédéral depuis 1848, mais l’article 72 de la Constitution précise que la réglementation est du ressort des cantons, ce qui permet au Valais de maintenir un crucifix dans les classes. Elle a été décrétée en 1905 en France, en 1918 en Allemagne, dans les années 60 au Québec, comme le montre le film magnifique La passion d’Augustine (de Léa Pool, 2015), une sœur religieuse qui a fait de son couvent une brillante école de musique.

Aujourd’hui, à part l’Argentine, qui reconnaît le catholicisme comme religion d’Etat mais respecte la liberté de culte, tous les pays occidentaux ont adopté la laïcité. En revanche, à part la Turquie, tous les pays musulmans font de l’islam la religion d’Etat.

Au 18 ème siècle, Thomas Paine, un des pères fondateurs de la Constitution des Etats-Unis, écrivait: «De toutes les tyrannies qui frappent l’humanité, la pire est la tyrannie en matière de religion.»

La catholique a multiplié les excès, qu’on pense aux Croisades, à l’Inquisition, aux prescriptions rigides, pour ne pas dire extrémistes, émanant du Vatican. Le scandale des couvents de Madeleine, en Irlande, en donne un exemple récent. Durant 70 ans, avec la bénédiction de l’Etat, des milliers de femmes ont passé par ces «blanchisseries», véritables pénitenciers tenus par des ordres religieux, subissant humiliations et absence de liberté, dont certaines restaient jusqu’à leur mort. Ces très jeunes femmes (certaines avaient moins de 16 ans) étaient présentées comme des «filles de petite vertu». Elles avaient regardé un garçon, étaient considérées comme difficiles ou étaient tombées enceintes, parfois à la suite d’un viol (on leur enlevait leur enfant à la naissance). Le dernier couvent n’a été fermé qu’en 1996!

Si l’Etat juif est décrété laïque, la religion pèse de tout son poids dans certains aspects de la vie quotidienne, comme le divorce. L’homme peut décider seul de divorcer mais la femme est obligée d’obtenir «le get» de la part de son mari. Autrement, elle ne peut pas se remarier.

Toute relation qu’elle aura avec un autre homme sera considérée comme adultérine et tout enfant qui naîtrait de cette union serait considéré comme adultérin, ce qui l’empêcherait ensuite de contracter un mariage juif orthodoxe. Une évidente discrimination entre femmes et hommes.

La religion musulmane, hélas, multiplie les discriminations, qu’elle justifie par le Coran, rédigé au début du 7ème siècle, mais toujours considéré comme un «texte sacré» 14 siècles plus tard, généralement appliqué à la lettre ou interprété de façon restrictive par les extrémistes.

La Suisse, comme l’ensemble des pays occidentaux, doit défendre la laïcité, un grand acquis de l’humanité, contre les dérives que certains musulmans extrémistes tentent de nous imposer.