«Mon regard n’est pas à vendre»

Vaud • Dans plusieurs villes de Suisse romande, des collectifs anti-pubs partent en guerre contre les panneaux publicitaires dans les espaces publics. Tour d’horizon.

Samedi dernier à Lausanne une quinzaine de militants du Collectif de libération de l’invasion publicitaire (CLIP) ont recouvert des panneaux publicitaires par des affiches blanches parfois affublées de contre-slogans tel que «mon regard n’est pas à vendre» ou «la publicité pollue l’imaginaire». Le but de cette action, selon le collectif, est de «susciter un débat autour de l’omniprésence dans l’espace public de messages publicitaires non sollicités». Ce genre d’action a déjà eu lieu il y a quelques mois en villes de Lausanne ou de Fribourg. En plus du collage d’affiches, le CLIP a envoyé une lettre à tous les membres du Conseil communal pour expliquer leur démarche.

Remplacer la pub par de l’art

A Fribourg, une association se nommant FLIP (Front de libération de l’invasion publicitaire) a mené à plusieurs reprises ce type d’activité. Sur leur site, elle annonce: «Le FLIP a pour objet de problématiser la publicité, qui s’est imposée comme une réalité à ne jamais remettre en question, alors même qu’elle s’avère particulièrement pernicieuse, tant par ses méthodes que par ses conséquences.» Et de rajouter: «En effet, en s’imposant à chacun, partout et à chaque instant, la publicité matraque et agresse notre regard. En aveuglant la population sur les conditions réelles de la production et de la consommation des produits qu’elle met en valeur, elle amoindrit notre esprit critique et réduit les individus au statut de consommateur.» En lieu et place de publicité, l’association propose que les panneaux soient, par exemple, remplacés par des projets artistiques.

 Des villes sans pubs, des politiques y croient!

Le groupe politique Décroissance-Alternatives, qui s’est présenté à plusieurs reprises aux élections communales à Vevey, a lui aussi dénoncé la publicité dans les rues et en a demandé l’abolition pour sa ville. «Ce ne sont pas la boulangerie, le bistrot ou la petite boutique du coin qui s’affichent pour vanter leur pain, leurs plats ou leurs habits, ce sont la grande distribution, l’industrie de la malbouffe ou les marques du secteur textile qui font de la pub dans nos rues», s’insurge Décroissance-Alternatives. Au Conseil communal de Lausanne, le groupe La Gauche (POP-solidaritéS) s’est penché à plusieurs reprises sur la question. En 2015, il a interpellé la municipalité pour dénoncer l’afflux massif de publicités dans le métro M2. La bataille menée par ces différents mouvements est d’arriver à long terme à la suppression de la publicité dans les espaces publics, comme l’a déjà fait la ville de Grenoble en France, dirigée par un maire écologiste.