Le 6 avril 2016, la citoyenne basque Nekane Txapartegi était arrêtée à Zurich suite à une demande d’extradition espagnole. Elle se trouve aujourd’hui en prison, dans l’attente d’une décision des autorités suisses. Nekane Txapartegi était conseillère communale de son village natal au pays basque. Membre du parti basque Herri Batasuna, elle est arrêtée en 1999 par la Guardia civil et détenue pendant cinq jours sans aucune possibilité de contact avec des tiers. Sur le chemin vers Madrid, les tortures commencent: simulation d’exécution, coups, asphyxies. Durant sa détention, Nekane est privée de sommeil. Elle subit divers attouchements et un viol.
Les violences précèdent et suivent les interrogatoires. Elles s’accentuent lorsqu’elle refuse de confirmer les déclarations préparées à l’avance par la Guardia civil. Quelques années plus tard, c’est sur la base de ses déclarations, obtenues sous la torture, qu’elle sera condamnée à 6 ans et 9 mois de prison pour collaboration avec l’ETA. C’est à ce moment qu’elle décide de fuir l’Espagne. Elle arrive en Suisse en 2009, où elle commence à se construire une nouvelle vie. Mais la police espagnole a fini par la trouver et les autorités suisses se trouvent maintenant face à un dilemme: coopérer avec l’Espagne ou respecter la Convention contre la torture?
Si la Suisse refuse l’extradition, elle risque de mettre en péril ses relations avec Madrid. D’autres ont déjà pris ce risque, comme la Belgique qui a refusé de livrer une citoyenne basque à l’Espagne pour des motifs similaires. Au contraire, si la Suisse accepte l’extradition, elle s’expose à un risque sérieux de se faire condamner par le Comité contre la torture ou la CEDH. Car le cauchemar de Tekane Txapartegi nous rappelle une fois de plus que dans les sous-sols de Madrid, on torture.