Faire payer les malades pour économiser?

Assurance maladie • «Mieux responsabiliser les assurés», le dogme suave des commissions de la santé des chambres fédérales, fait trinquer les malades.

La majorité des deux commissions parlementaires vient d’accepter une motion UDC (Brand/ Borer) imposant un engagement de trois ans au moins aux adeptes des modèles d’assurance LAMal qui permettent de faire baisser les primes: franchises, médecin de famille, HMO soit la médecine de groupe. Mais ils n’en sont pas restés là. Ils ont suivi encore une autre motion UDC (Bischofberger) visant, elle, à augmenter la franchise minimale qui est actuellement de 300 francs. Cette franchise devrait ainsi être adaptée aux fluctuations des coûts de la santé. Il s’agit de faire payer encore plus les malades. Selon ces politiciens, cette augmentation serait une démonstration significative de l’engagement personnel des patients qui devraient limiter les consultations. Une mesure, en somme, propre à fortifier leurs valeurs morales! En oubliant bien sûr de noter combien toute absence de plus de trois jours impose un certificat médical dans beaucoup d’entreprises, dans les écoles et dans les offices de chômage.

La Suisse la moins généreuse d’Europe

Ces deux décisions sont dans la droite ligne de la volonté exprimée par l’UDC et que la droite parlementaire suit en tremblant de peur d’être débordée. En 2012, par la voix d’un certain Guy Parmelin, l’UDC proposait de faire passer la participation aux frais (10% des frais médicaux à la charge de l’assuré une fois la franchise payée) d’un maximum de 700 à un maximum de 1400 francs, de ne changer de franchise que tous les trois ans et de ne plus rembourser une panoplie de soins: les grippes, l’alcoolisme, la toxicomanie et même l’avortement jusqu’à la claque infligée par le peuple en 2014.

Or, il faut quand même remettre l’église au milieu du village. La Suisse est le pays d’Europe qui met le plus grand poids des frais de santé à la charge de ses citoyens. La LAMal en effet n’assume qu’à peine plus que 30% de l’ensemble de ces coûts, qui représentent 10% du PIB. Participations, soins et produits, hospitalisations sont payés par les citoyens et par leurs impôts. Et ce ne sont pas les grippettes et les rhumes qui coûtent cher, ce sont les équipements sophistiqués et les soins de longue durée comme les cancers.

Poussés à renoncer à se soigner

Le seul but de ces propositions délétères est de faire diminuer les prestations de la LAMal. Faute d’oser dire qu’ils veulent la suppression de l’obligation de s’assurer, ces docteurs Diafoirus attaquent l’essence même de la LAMal, surfant avec délices sur la mauvaise image qu’elle a dans la population. Les prestations et la solidarité sont rongées par des simulacres d’économies. Le bien portant assez cossu pour en prendre le risque choisit de grandes franchises et ne participe pas à la solidarité envers les malades. Quant aux gens modestes, contraints, faute de moyens, d’accepter de telles franchises, pour eux se soigner devient hors de prix et ils y renoncent. Beau résultat pour une assurance obligatoire!

Les assurés vont-ils accepter longtemps encore de se laisser embobiner?