l'invité • Tribune sur le droit d'asile de Graziella de Coulon, militante vaudoise du droit d'asile

19280886876_b6ec87e960_bIls et elles arrivent jeunes mais avec le visage marqué par les souffrances multiples de celui ou celle qui doit quitter sa famille, sa maison, ses ami.e.s, sa langue, sa culture. Celui ou celle qui doit tout quitter pour sa survie. Les réfugié.e.s n’arrivent pas en Suisse en avion avec leur visa dans la poche comme d’autres étrangers-gères peuvent le faire, invité.e.s, accueilli.e.s, engagé.e.s par la machine capitaliste qui a besoin d’autres forces pour sa richesse.

Les réfugié.e.s sont en route souvent pendant des années, à pied, à travers les montagnes, les déserts et pour beaucoup la Méditerranée. Un voyage de l’espoir d’une vie meilleure qui n’a pas de retour possible. Les violences, les viols, l’esclavage, la prison, la misère, l’exploitation de leur détresse constituent leur seul bagage lourd et trop souvent mortel.

C’est le peuple des migrants en errance qui s’accroît tous les jours. Des pays entiers se vident. C’est l’exode qu’aucun mur, aucun barbelé ne pourra arrêter. C’est le monde qui change.

On les appelle réfugié.e.s, migrant.e.s, sans papiers et on oublie qu’il s’agit d’hommes, de femmes et d’enfants, d’êtres humains qui se réclament de l’universalité de l’humanité, comme elle est définie dans la Déclaration des droits de l’homme (DDH).

Mais la population suisse noyée sous les chiffres, les déclarations, les lois, les règlements, ne voit plus les êtres humains qu’ils sont, par indifférence, par habitude.

La Suisse, que beaucoup considèrent encore, à tort, comme un havre de paix et de justice, se renferme, se barricade et s’acharne à renvoyer toute personne migrante qui frappe à sa porte.

Oui, il y a de l’inhumanité dans cette politique des renvois qui met en danger l’intégrité physique et la dignité humaine.

Depuis 1981, date de l’entrée en vigueur de la première loi fédérale sur l’asile, cette loi a été révisée dix fois et chaque fois elle est devenue plus restrictive. Suivant cette même logique inhumaine, les accords de Dublin permettent désormais à la Suisse de ne pas entrer en matière sur une demande d’asile et de renvoyer automatiquement les personnes réfugiées dans le premier pays européen traversé, bafouant ainsi le droit de chaque personne à demander l’asile dans le pays de son choix. Or, au sein des accords de Dublin, existe la possibilité pour les pays signataires d’entrer en matière sur la demande d’asile, même si la personne a transité par un autre pays européen. Pourtant, la Suisse se place à la deuxième place des pays qui renvoient les plus de personnes «dublinées»!

La tragédie humaine aux portes de ce pays riche et vieux appelle, sans réponse, à plus d’humanité, à plus de solidarité. C’est une évidence et une partie de la population l’a compris et montre son soutien aux réfugié.e.s, peut-être pas toujours par pure humanité mais par la peur d’un système social inhumain qui les menace aussi.

Si on ne peut pas définir un pays comme inhumain, tant sa réalité est plurielle et métissée, concernant la Suisse une chose est sûre: les lois sur l’asile sont inhumaines et mettent en danger la vie de millier de personnes. Il est grand temps de les changer!