L’initiative «multinationales responsables» cartonne

suisse • Une large coalition de la société civile a pu déposer 120’000 signatures en faveur d’un texte qui vise à accélerer le mouvement pour imposer un devoir de diligence pour les entreprises établies en Suisse et actives à l’étranger.

Cela fait maintenant cinq ans que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a adopté des principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme. Lassée d’attendre des démarches pro-actives de la part du Conseil fédéral et du Parlement, une coalition d’ONG actives dans les droits de l’homme, l’aide au développement ou l’environnement, appuyée par les syndicats a déposé lundi 120 000 signatures en faveur de l’initiative dite «pour des multinationales responsables. Son objectif est d’obliger les entreprises qui ont leur siège en Suisse de vérifier si leurs activités à l’étranger conduisent à des violations des droits humains ou des standards environnementaux, à prendre des mesures pour y remédier et à rendre des comptes. Le comité d’initiative estime que la seule bonne volonté des entreprises ne suffit pas et que l’instauration d’un devoir de diligence en matière de droits humains et de préservation de l’environnement finira par profiter à l’économie suisse en renforçant un label de qualité suisse et en produisant de nouveaux standards pour l’avenir. L’économie, elle, par l’intermédiaire de l’omniprésente economiesuisse, est évidemment contre, puisque l’initiative serait synonyme d’intervention de l’État dans les affaires privées et qu’un devoir de diligence les obligerait à se soucier, par exemple, du sort de syndicalistes menacés, voire assassinés par des paramilitaires, au hasard, quelque part en Colombie.

«Pensées intempestives»

Si on ne peut qu’acquiescer à la volonté d’établir des normes contraignantes la où ne règnent que la jungle et les mauvaises herbes, on peut cependant légitimement se poser la question de savoir où s’arrête l’éthique et où redémarre la pure logique du marché. Parmi les membres de la coalition qui soutient l’initiative, il y a par exemple le WWF, qui détruit ou délocalise une centaine d’emplois à Gland afin d’économiser sur la masse salariale, il y a aussi des ONG très actives, dont les départements marketing et communication ressemblent de plus en plus à des divisions blindées en marche dans le but de permettre à leur cause d’exister dans un torrent médiatique en quasi-crue permanente. Ces quelques «pensées intempestives» mises à part, l’initiative semble bénéficier dès maintenant d’un large soutien populaire qu’on attend de voir confirmé dans les urnes