La longue conquête des droits des femmes en Suisse

8 mars • La Constitution fédérale suisse de 1848 visait à garantir la liberté politique des individus. Elle établissait que les membres des deux Chambres seraient élus au suffrage universel, mais masculin, car les femmes n’avaient pas le droit de vote.

Au début du 20ème siècle, les femmes n’avaient pas le droit d’exercer toutes les professions. A Fribourg, par exemple, elles n’étaient pas admises comme avocates au barreau jusqu’à l’arrêt Roeder en 1923. Mme Dora Roeder, docteure en droit à l’Université de Zürich, avait demandé l’octroi de la patente nécessaire pour exercer au Tribunal de 1ère instance sous la direction d’un autre avocat. Celle-ci lui avait été refusée en invoquant toutes sortes d’excuses et de lois du 19e siècle. Le Tribunal fédéral avait finalement donné raison à Mme Roeder, qui est devenue la première avocate au barreau fribourgeois.

Appenzell à la traîne
Alors que tous les pays voisins avaient déjà accordé le droit de vote aux femmes, en Suisse, on discutait encore de la question. En l’absence de volonté politique de changement, les femmes ont dû attendre jusqu’au 7 février 1971, après un premier échec en 1959, pour avoir le droit de vote et d’éligibilité au niveau fédéral. Dans certaines régions, le vote et l’éligibilité sont toutefois arrivés encore plus tard, certaines pratiques discriminatoires continuant à priver les femmes de leurs droits.

Le 5 avril 1989, Theresa Rohner demandait au Conseil d’Etat appenzellois de pouvoir participer à la Landsgemeinde dans son canton, les femmes en étant toujours exclues. Sa demande ayant été rejetée, Mme Rohner a interjeté un recours pour non-respect de la Constitution fédérale. Mais la pétition a de nouveau été refusée par la Landsgemeinde du 29 avril 1990. D’autres femmes et hommes appenzellois se sont alors mobilisés pour faire respecter dans le canton le principe d’égalité, inscrit dans la constitution en 1971 et dans la loi en 1981. Finalement, c’est le 27 novembre 1990 que le droit de vote au niveau fédéral a été octroyé aux femmes à Appenzell, sur décision du Tribunal fédéral.
Aujourd’hui, les femmes ont accès à la formation, mais malgré la loi sur l’égalité, certaines disciplines restent très féminisées alors que d’autres sont au contraire majoritairement masculines. Les inégalités de salaires persistent et la discrimination à l’embauche aussi. Les femmes sont confrontées souvent à la double journée de travail et à l’absence de reconnaissance. La lutte continue…