50 localités en Suisse ont célébré le 1er Mai

A l’occasion de la fête du travail, des milliers de personnes ont occupé l’espace public dans plus de 50 localités en Suisse pour demander au monde politique et économique de prendre au sérieux les préoccupations des gens ordinaires. Parmi celles-ci: des emplois plus sûrs, des salaires plus justes, de meilleures retraites, l’égalité entre femmes et...

Dans plusieurs villes romandes, comme ici à Genève, les défilés du 1er Mai étaient bardés de pancartes contre le projet de prévoyance vieillesse 2020 (photo: Demir Sönmez).

A l’occasion de la fête du travail, des milliers de personnes ont occupé l’espace public dans plus de 50 localités en Suisse pour demander au monde politique et économique de prendre au sérieux les préoccupations des gens ordinaires. Parmi celles-ci: des emplois plus sûrs, des salaires plus justes, de meilleures retraites, l’égalité entre femmes et hommes, un service public de qualité et le rejet de la flexibilisation du temps de travail en discussion au parlement, à travers deux initiatives parlementaires qui veulent supprimer pour une part importante des salariés l’enregistrement de la durée du travail et sa limitation. La question des droits des travailleurs migrants et de la régularisation des sans-papiers fait aussi l’objet de plusieurs allocutions en Suisse romande.

«Ce n’est pas une couleuvre, c’est un énorme boa!»
A Genève, la journée a commencé devant le monument en honneur aux brigadistes suisses de la guerre d’Espagne avec des discours de Jocelyne Haller (solidaritéS) et Manuela Cattani, présidente de la CGAS et secrétaire générale du syndicat SIT. Dès 15 heures, près de 2’500 personnes ont participé au grand défilé syndical, la lutte contre le paquet Berset Prévoyance 2020 a été au centre des interventions. Sur les pancartes du cortège, on pouvait lire des slogans comme «Non à l’augmentation de l’âge de la retraite», banderole emmenée par Unia ou «Touche pas à ma retraite. Non au paquet PV 2020» de la part du SSP-Genève, un mot d’ordre qui conteste la prise de position du SSP, au niveau national, qui roule pour la réforme.

Tout comme le syndicat SIT ou Ensemble à Gauche, les socialistes ont aussi défilé derrière une banderole anti-Prévoyance 2020. «On enverra la photo à Christian Levrat», s’amuse un militant socialiste. De son côté, Syndicom a dénoncé les fermetures de bureaux de poste. En queue de manif, les jeunes du bloc anti-répression, sous haute surveillance policière jusqu’à la Plaine de Plainpalais, ont fait cracher les décibels. A l’occasion des discours officiels, René Ecuyer pour le Parti du Travail a retracé la longue histoire de l’AVS, tout en dénonçant les contre-réformes conduites à chaque révision de l’assurance. Pour Syndicom, Eric Schwapp a dénoncé les manœuvres de La Poste. Il a aussi fustigé la réforme de l’AVS. «PV 2020 est bel et bien un projet profondément antisocial. Il faut donc en empêcher son entrée en vigueur», a-t-il critiqué, rappelant que la hausse de l’âge de la retraite pénalisera les femmes et stimulera aussi le chômage.

A Lausanne également, le défilé était bardé de slogans contre la réforme prévoyance 2020. «On ne peut pas à la fois se serrer la ceinture et baisser son froc», ou encore «Berset, remballe ton paquet», pouvait-on lire. «Nous devons refuser les compromis qui brouillent complètement les luttes historiques de la gauche et du mouvement syndical. Ce n’est pas une couleuvre qu’on veut nous faire avaler, c’est un énorme boa!» a clamé au micro Vanessa Monney, jeune syndicaliste du SSP. Et d’ajouter: «Ce n’est pas avec un parlement de droite qu’on va arriver à une amélioration des retraites, c’est dans les urnes et dans la rue qu’il faut lutter!» Plusieurs pancartes étaient également brandies par les salariés de Thermo Fisher, en négociation avec leur entreprise contre la délocalisation de leur entreprise (voir notre édition de la semaine dernière).

12’000 personnes à Zürich
A Baden (AG), le président de l’USS, Paul Rechsteiner, a appelé au contraire à soutenir la réforme de la prévoyance vieillesse, parce que «d’une proposition qui aurait affaibli l’AVS, elle est devenue un projet qui la renforce». En Valais également, des discours ont été prononcés en faveur de la réforme (voir notre article).
A Zurich, 12’000 personnes ont pris part à la manifestation de fin de matinée. Le Conseiller d’Etat vaudois Pierre-Yves Maillard y a plaidé en faveur de la sécurité sociale et de l’égalité des chances dans la société. Contre le recul et l’affaiblissement de l’action sociale, un mouvement ouvrier actif est nécessaire, a-t-il ajouté. Il a enfin insisté sur la nécessité de réformer le système des primes d’assurance-maladie.

D’autres manifestations ont également eu lieu à Berne, Neuchâtel, Fleurier, au Locle, à Delémont et à Bülach.