Le Parti suisse du Travail peaufine ses positions

Mouvement • Le Parti suisse du Travail - POP a tenu le week-end dernier son 23e congrès ordinaire. Les délégués ont débattu entre autres des relations de la Suisse avec l'Union européenne et de la situation internationale.

Gavriel Pinson, du POP Vaud, a té réélu à la présidence du Parti suisse du Travail / POP

Les 10 et 11 juin derniers, 35 délégués désignés par 8 sections se sont réunis à Neuchâtel pour le 23e congrès ordinaire du Parti suisse du Travail – POP (PST-POP). L’occasion de discuter des programmes et des statuts et d’établir les axes politiques prioritaires.

Des accords dans l’intérêt des travailleurs et non du capital
La journée de samedi a été presque entièrement consacrée à la discussion et l’adoption d’une résolution «Pour de nouveaux accords avec les pays européens». En Suisse, la question des relations avec l’UE est l’une des plus débattues. Depuis les années 1990 et la votation sur l’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen EEE (rejetée par 50,3% des voix), le PST-POP a été divisé sur la question. En 2008, lors du congrès de Zurich, une majorité des délégués a cependant accepté une motion demandant que le parti refuse résolument l’adhésion à l’UE au cas où la question serait reposée au peuple. Aujourd’hui, la position majoritaire est que l’UE n’a rien d’une Europe pacifiée dans laquelle les peuples vivraient en harmonie. Son attitude envers la Grèce et son ingérence en Ukraine ont détruit toutes les illusions quant à son caractère démocratique et pacifique.

Dans la résolution adoptée à Neuchâtel, le PST-POP affirme que la voie bilatérale engagée par le Conseil fédéral n’a bénéficié qu’au patronat tandis que les travailleurs, en Suisse comme dans l’UE, ont subi de lourdes attaques. Un parti qui se veut porteur d’un programme de défense des travailleurs et de l’environnement ne peut que dénoncer de tels accords (voir interview en page 4).

La guerre est devenue l’état normal du monde
Dimanche, les délégués ont discuté de différentes motions et résolutions. Une résolution concernant la situation internationale a été adoptée. Depuis quelques années, le PST-POP constate que la guerre est (re) devenue l’état normal du monde et un moyen des puissances impérialistes pour imposer leur volonté. Avec pour conséquence des «failed states» comme la Libye ou la Somalie et une terrible augmentation du nombre de réfugiés. Dans un tel contexte, la militarisation par les États-Unis de la frontière avec la Russie est particulièrement inquiétante, augmentant les risques d’une nouvelle guerre à grande échelle. La résolution dénonce la course aux armements – qui permet notamment à la bourgeoisie suisse de s’enrichir par ses exportations d’armes – et revendique une Suisse neutre qui promeut la paix et renonce à toute forme d’ingérence. Les délégués ont exprimé leur solidarité avec les peuples victimes de la guerre en Syrie, au Yémen ou en Ukraine, ainsi qu’avec les Palestiniens et les Sahraouis, qui luttent pour leur indépendance. Ils demandent à la Suisse de cesser tout soutien économique et politique à la dictature d’Erdogan en Turquie et au gouvernement putschiste de Temer au Brésil.

Une résolution particulière a été consacrée à la solidarité avec le peuple et le gouvernement du Venezuela. Depuis l’élection de Hugo Chávez en 1999, l’impérialisme a constamment attaqué la souveraineté et l’autodétermination du peuple vénézuélien. Aujourd’hui, des partis de la classe supérieure soutenus par les États-Unis font tout pour dégrader la situation économique du Venezuela et tentent de semer le chaos pour justifier une intervention étrangère contre un gouvernement progressiste élu démocratiquement. Alors qu’en Suisse, les médias bourgeois passent sous silence les assassinats commis par l’opposition, les délégués du PST-POP ont condamné cette violence et les tentatives d’ingérence étrangère contre l’indépendance du Venezuela.

Élections des instances et modifications de statuts
Au niveau interne, le président du PST-POP Gavriel Pinson a été réélu à l’unanimité. La composition du comité central et du comité directeur est peu modifiée. A noter tout de même le retour au comité central de la section de St-Gall et l’élection de deux nouveaux camarades – Christophe Grand (VD) et Tarek Idri (ZH) – au comité directeur. Les délégués du congrès ont décidé d’introduire deux modifications dans les statuts du PST-POP.

Premièrement, l’article sur la limitation du nombre de mandats dans les instances nationales du parti a été biffé. Celui-ci visait à limiter les mandats dans les instances nationales à deux ans, renouvelables maximum deux fois. Selon les délégués présents, cette limitation ne correspondait plus ni aux besoins ni à la réalité de notre parti, qui a besoin d’une équipe dirigeante stable pour mener à bien le renforcement du parti sur le plan national. Deuxièmement, l’article 15 concernant la fréquence des congrès ordinaires a été modifié. Les congrès auront désormais lieu tous les quatre ans au lieu de tous les deux ans. Cet espacement sera compensé par l’organisation régulière de conférences nationales thématiques.
Notons encore pour terminer la présence au congrès de deux délégués respectivement du Parti du Travail de Belgique (PTB) et du Parti communiste allemand (DKP), qui ont pu apporter un regard extérieur et partager avec nous leurs expériences et pratiques.