Si personne n’a évoqué la retraite à 67 ans lors de la rencontre avec Alain Berset le 26 octobre, on constate que la droite continue à prédire un désastre pour l’AVS, sans admettre l’évidente fragilité du deuxième pilier. Certains voudraient imposer des formules mathématiques pour le calcul du taux de conversion dans la LPP en vue d’automatismes qui permettraient d’éviter un vote populaire. Les statistiques montrent pourtant une sorte de miracle boursier en 2017. Le rendement du Fonds AVS a été de 6%. Mais le taux technique du deuxième pilier continue à baisser et les pressions qui le concernent pourraient s’aggraver encore. La posture du PS et de l’USS reste quant à elle pessimiste face à la prédominance de la droite.
Le parlement se prononcera sur les PC
Le Conseil fédéral a promis un nouveau projet de réforme des retraites pour la fin de l‘année. Au calendrier 2018, on attend par ailleurs que le parlement se détermine enfin sur la modification des prestations complémentaires (PC), mais les améliorations indispensables risquent d’être bien modestes. Le SSP prépare en janvier une résolution visant à mobiliser les femmes sur la question de l’égalité, au point d’envisager une grève. Du 18 au 20 janvier, aura lieu le congrès des femmes de l’USS qui sans doute mettra l‘accent sur le refus de l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes.
L’assemble des délégués de l’USS se tiendra le 24 mars et se déterminera sur leur initiative «Subito» à propos de l’égalité des hommes et des femmes. L’AVIVO suisse annonce en automne une célébration de ses 70 ans et des 70 ans de l’AVS. Denknetz tiendra son Congrès en automne. Enfin, le 10 novembre, l’USS organisera la célébration des 100 ans de la grève de 1918, grève qui avait vu pour la première fois la revendication d’une rente vieillesse. L’USS tiendra ensuite son Congrès le 30 novembre.
Le compromis de la gauche radicale
Le POP/PdT et solidaritéS travaillent de longue date à un projet d’initiative sur les retraites. S’ils ont élaboré jusqu’ici deux propositions distinctes, ils ont présenté lors de la rencontre d’Olten un document précisant qu’ils sont «d’accord sur l’essentiel: l’intégration du 2e pilier à l’AVS-AI pour passer d’un système basé sur la capitalisation à un système fondé sur la répartition».
L’accord entre les deux formations porte également sur les orientations suivantes: «Une rente plancher de 4’000 fr. par mois et une rente plafond de 8’000 fr. par mois. Cette rente est indexée à l’indice mixte des salaires et des prix, des cotisations à la future AVS portant sur la totalité du revenu, un âge de la retraite plafonné à 64 ans pour les femmes et à 65 ans pour les hommes avec la possibilité de prévoir des retraites anticipées en cas d’accord entre les associations d’employés et d’employeurs, une prise en compte de compensations pour les tâches éducatives, une garantie des droits acquis pour les personnes assurées dans le 2e pilier».
Le POP et solidaritéS ont également précisé que les discussions se poursuivaient en vue d’élaborer un texte définitif commun. En outre, elles ont appelé «toutes les forces nationales et cantonales, qui soutiennent un tel projet, à constituer le front le plus large possible pour lancer l’initiative et la faire aboutir».
Si à Olten les participants ont tous reconnu la justesse d’un tel objectif, il s’est trouvé plusieurs personnes pour douter de l’utilité d’une initiative ou pour estimer que le calendrier ne devrait être ni trop rapide ni sans la garantie d’un fort soutien.
Une feuille de route
La journée s’est terminée avec le souhait d’élaborer ensemble une feuille de route pour 2018. L’essentiel est de résister à une réforme qui continuerait à s’obstiner à récupérer les grandes lignes du paquet Berset. A cet effet, il faut entreprendre une campagne de fond permettant de faire comprendre le système exemplaire du premier pilier. Tous ont reconnu l’importance d’une meilleure implantation au Tessin. Quant à l’élaboration d’initiatives, faut-il privilégier une nouvelle version d’AVS plus, comme l’ont proposé certains, ou plutôt celle du PdT/solidaritéS? Les participants n’ont pas tranché.
Les réflexions et les discussions vont ainsi se poursuivre ensemble et au sein des diverses organisations. Il s’agit d’une responsabilité commune. En effet, un récent sondage a montré que la principale préoccupation des Suisses est celle des retraites.
