Le deal de rue, une menace pour les élèves de Lausanne?

Vaud • La proximité de dealers avec les écoles met-elle en danger les enfants, comme l'affirme le cinéaste Fernand Melgar dans plusieurs prises de positions publiques qui ont créé la polémique? David Payot, municipal lausannois en charge des écoles, pondère.

"Nous ne disposons d'aucune information selon laquelle les dealers viseraient particulièrement les enfants à la sortie des écoles", explique David Payot.

Voir également notre interview de l’ancien municipal Marc Vuilleumier: « On ne peut pas demander à la police de tout résoudre« 

Dans une tribune publiée la semaine dernière dans le quotidien 24 Heures, le cinéaste Fernand Melgar dénonçait la passivité des autorités municipales face au deal de drogue en ville de Lausanne. Il pointait en particulier du doigt son propre quartier, celui du Maupas, où les dealers attendraient selon lui les enfants à la sortie des écoles, estimant que la ville devrait être «poursuivie pour homicide par négligence pour chaque adolescent mort d’overdose». Une crainte justifiée?

David Payot, municipal lausannois en charge des écoles, relativise: «Les infirmières scolaires, présentes dans tous les collèges, orientent les jeunes pour lesquels elles identifient un problème de consommation psychotrope vers une unité psychologique pour adolescents. Cela concerne toutefois moins de 20 jeunes par an pour les 4000 eleves de l’école secondaire obligatoire. Et les collèges de l’hypercentre ne sont pas surreprésentés», explique-t-il.

Et de rappeler également les statistiques suisses qui révèlent que la consommation des enfants en âge de scolarité obligatoire est très faible et augmente plutôt au niveau postobligatoire: «Selon ces statistiques, 5% des enfants de 15 ans ont consommé une fois du cannabis, contre 25% des enfants de 19 ans», souligne le municipal, estimant qu’«on ne peut pas dire que la consommation de drogue chez les mineurs scolarisés est un problème largement identifié». L’enjeu est plutôt de prévenir les situations risquant de déboucher vers des comportements à risque. Ainsi, «la priorité des infirmières scolaires est de détecter d’éventuels mal-êtres d’ordre psychologique chez les jeunes, afin d’éviter qu’ils n’évoluent vers la consommation», explique-t-il.

Une présence policière accrue à proximité des écoles, comme le demande une partie de la population, afin d’éviter que de tels jeunes fragilisés ne croisent des dealers à la sortie des classes pourrait-elle être utile? «S’il y a présence de dealers ou du deal identifié à proximité des écoles, les professionnels de l’école le signalent déjà à la police et celle-ci intervient», explique David Payot. Et de préciser encore qu’il «ne dispose d’aucune information selon laquelle les dealers viseraient particulièrement les enfants à la sortie des écoles». Enfin, «il ne faut pas croire que cela va résoudre tous les problèmes d’accès aux drogues par les jeunes. Ceux-ci naissent de la rencontre entre des problématiques personnelles et des produits. Et cette rencontre ne se fait pas forcément via le deal de rue. Nous nous inquiétons encore plus des cas où les élèves accèdent à des psychotropes via leurs pairs, ou des parents qui consomment», conclut David Payot.

Des mesures concernant la problématique du deal de rue devraient être annoncées par la municipalité dans les prochains jours, déclarait quant à lui le municipal en charge de la police Pierre-Antoine Hildbrand dans le quotidien 20 minutes.