Caravanes de migrants

Il faut le dire • Ces dernières semaines, la presse a beaucoup parlé de la caravane de près de 7’000 migrants – essentiellement honduriens et, dans une moindre mesure, salvadoriens et guatémaltèques - qui ont passé la frontière du Mexique et se dirigent vers les Etats-Unis.

Ces dernières semaines, la presse a beaucoup parlé de la caravane de près de 7’000 migrants – essentiellement honduriens et, dans une moindre mesure, salvadoriens et guatémaltèques – qui ont passé la frontière du Mexique et se dirigent vers les Etats-Unis. Cela a permis au président Trump de bomber le torse et d’affirmer qu’il allait militariser la frontière et abolir le droit du sol pour les enfants d’immigrés sans papiers nés aux USA. Ce ne sont que deux mesures de plus du gouvernement Trump, essentiellement sécuritaires, qui compliquent certes la migration, mais aussi déstabilisent les quelque 500’000 Centraméricains en situation illégale vivant aux Etats-Unis. Pourtant, si la voie migratoire est dangereuse et longue, elle n’arrive pas à dissuader les migrants: en 2018, 400 personnes sont déjà décédées dans le désert de l’Arizona, mais ils sont 50’000 chaque mois à passer la frontière… même s’ils risquent ensuite d’être renvoyés. La traversée du Mexique est également un obstacle considérable. La plupart des rapports effectués sur les migrants en transit font état de disparitions, d’enlèvements contre rançon, d’exécutions sommaires ou encore d’exploitation au travail et sexuelle. Les autorités sont également pointées du doigt en raison de leur participation fréquente dans les abus.

C’est d’ailleurs pour cela que les migrants ont décidé de se regrouper en caravanes, d’autant qu’ils partent parfois en famille: cela diminue le risque durant le voyage et démontre aussi leur détermination.

Mais pourquoi ces gens émigrent-ils, alors que l’Amérique centrale n’a plus connu de conflit armé depuis près de 30 ans?

Ils viennent pour la plupart du Honduras et sont d’origine populaire. Ces dernières années, ce pays est devenu le plus violent de la région. Et comme ses voisins, le Salvador et, dans une moindre mesure, le Guatemala, le pays est débordé par la toute-puissance du crime organisé. Sept Honduriens sur dix vivent dans la pauvreté d’après la Banque mondiale. De plus, c’est dans ce pays que le gouvernement progressiste du président Zelaya a été victime en 2009 d’un coup d’Etat parlementaire avec l’appui des Etats-Unis. Depuis, son successeur a mené une politique qui favorise les multinationales et réprime durement toute opposition, sans susciter de réaction internationale.

Il faut aussi noter qu’on ne parle pas de Nicaraguayens qui émigrent en masse, alors que la «grande presse» n’arrête pas, depuis 8 mois, de parler de dictature dans ce pays, gouverné à nouveau depuis 2007 par les sandinistes … Peut-être que la classe populaire n’y est pas si mal!