La journée de grève féministe et des femmes s’annonce déjà comme un succès dans la mobilisation. Il important cependant que cet événement perdure, car viendra le dur temps de concrétiser les multiples revendications énoncées le 14 juin dans les lois nationale ou cantonale. Cette semaine, le Conseil national a ainsi refusé d’alléger le fardeau de la preuve pour les victimes de harcèlement sexuel dans le cadre de la loi sur l’égalité, signe de la résistance des bastions masculins à tout changement.
L’élargissement des contrôles salariaux à l’ensemble des entreprises en matière d’égalité de salaires, ainsi que la mis en place de sanctions en cas d’abus, se fait toujours attendre. D’autres chantiers sont urgents selon certains syndicalistes. Il en va ainsi de la nécessité que le travail de l’économie domestique soit soumis à la Loi sur le Travail pour offrir plus de protection aux salariées du secteur. Il est aussi important de modifier la loi sur le 2e pilier pour soumettre tout gain aux cotisations ou d’améliorer l’assurance perte de gain. La question de la reconnaissance financière du travail non rémunéré mérite aussi un projet de loi. Le chemin sera long. En mai dernier, le Conseil fédéral a avancé un timide projet d’un droit à un congé payé de 14 semaines à ceux qu’on appelle les proches aidants pour s’occuper d’un enfant gravement malade. A Genève, l’instauration d’un salaire minimum horaire de 23 francs reste économiquement prioritaire pour les syndicats et la gauche.
Dans ce canton, une pétition intitulée «Que la honte change de camp!», exigeant de mesures concrètes dans le monde professionnel contre le harcèlement sexuel, le viol et une meilleure information dans les écoles, a été acceptée en mai. Il faut maintenant qu’elle débouche sur une loi contre le sexisme, proposant, entre autres, des mesures pour simplifier le dépôt de plaintes pour violences sexuelles.
La question d’une meilleure représentation politique des femmes reste entière. En 2000, le peuple suisse avait refusé l’initiative pour instituer une parité par la fixation de quotas. Dix-neuf ans après, les femmes restent sous-représentées en politique. Remettons l’ouvrage sur le métier.