Rentes aux crimes

La chronique Renart • Il n’y a pas que Baudet à traquer la retraite, les militaires aussi.

Il n’y a pas que Baudet à traquer la retraite, les militaires aussi. Et parmi eux, 2’000 anciens nazis répartis dans toute l’Europe. Parce que, y compris pour un SS, on vit mieux avec sa retraite en France (ou en Pologne) qu’en Germanie. Comme quoi: même fanatique, le patriotisme s’arrête aux frontières de la pension. Mais revenons aux pensionnés en question. «Défendre son pays», le plus souvent c’est bousiller celui des voisins. C’est parfois aussi envahir la planète. Ce fut en l’occurrence génocider Juifs, Roms, homosexuels et opposants politiques. N’empêche que tous ces bourreaux étaient soldats, et que la patrie reconnaissante leur verse depuis des rentes.

Ce qui chatouille alors les neurones de tout animal sensé, c’est le problème suivant: est-ce que des génocides valent pour service à la patrie? Et là, d’un coup, il y a comme un silence de fiente qui s’installe. Parce que contrairement aux rentes versées, la réponse, elle, s’impose. Si la vengeance des victimes peut faire débat, la récompense des assassins vous étrangle par les tripes. Alors que fiche?

Une fois n’est pas loi, votre goupil préconise de pratiquer un sport national cher au patronat: la chasse aux profiteurs. On doit réduire la dette publique? Fort bien. Commençons par retenir leurs retraites aux assassins, aux détourneurs de subventions, aux abuseurs de notes de frais, aux margoulins d’Abou Dabi, etc. Et comme tous les magistrats ou presque sont concernés, que chaque retraite signifie des centaines de milliers de francs, imaginez les millions à disposition pour, par exemple, avoir davantage de soignants aux HUG. D’ailleurs en parlant des HUG, on pourrait faire pareil avec toutes les directions déloyales de régies publiques sur les… allons: dix dernières années. Avec ça on devrait avoir assez de tunes pour engager des maîtres d’appui et mieux staffer les services sociaux. Parce que l’avantage de ponctionner les gros profiteurs, c’est qu’il y a davantage à ponctionner.

Abusivement vôtre,

Renart

* Chronique tenue tous les 15 jours par Yves Mugny, auteur de La Faute au loup (éd. Cousu Mouche),

www.yvesmugny.ch/ www.facebook.com/Yves.Mugny/

Illustration: maou.ch