Du haut de ses 40 ans, le Jura est à la fête

Jura • Le petit bémol bernois n’a pas gâché la fête à Saignelégier pour les 40 ans du Jura.

Après les écoliers le vendredi 21 juin, une randonnée pédestre et des concerts le samedi, le dimanche était le jour de la manifestation officielle. Diverses animations, des concerts et des expositions agrémentaient aussi cette journée. Le Jura n’étant pas encore un canton laïc, la journée commençait par une cérémonie œcuménique à l’église de Saignelégier. Peu avant la manifestation officielle, un cortège autonomiste, surtout prévôtois, s’est rendu du Centre de loisirs au Marché-Concours (lieu de la fête) en scandant notamment «Moutier bernois, plus jamais». Puis des membres du groupe Bélier ont escaladé le bâtiment pour dérouler sur le toit une immense banderole «Liberté pour Moutier».

Le contenu des discours a été évoqué largement dans la presse quotidienne. Nous nous limitons à quelques éléments plus ou moins importants ou anecdotiques. Les autorités jurassiennes ont remercié les cantons suisses d’avoir unanimement et massivement accepté le nouveau canton en 1978, et le président du Mouvement autonomiste jurassien (MAJ), Laurent Coste, aussi président du Conseil de ville de Moutier, a adressé particulièrement ses remerciements au peuple bernois, car celui-ci avait accepté le nouveau canton avec 69% de oui. Comme lui, les autorités cantonales jurassiennes ont demandé que la volonté démocratiquement exprimée par la ville de Moutier de rejoindre le canton du Jura soit respectée. Le public présent a aussi bien apprécié que le conseiller fédéral Alain Berset termine son discours en agitant un drapeau jurassien. Ce dernier faisait un peu figure de «gauchiste» parmi les orateurs, puisque les présidents du canton du Jura (Gouvernement et Parlement) sont cette année deux PLR, le président du MAJ est PDC, et celui qui représentait les cantons suisses, un conseiller d’Etat tessinois car ce canton avait plébiscité le Jura à plus de 95%, est un élu de la Lega.

L’absence bernoise

Dans la matinée, on avait appris que la délégation bernoise ne viendrait pas à la fête, les autorités jurassiennes l’ayant informée qu’elles ne pourraient pas garantir sa sécurité. Certes, il est regrettable qu’on en soit arrivé là, mais il faut rappeler que l’UDC du Jura bernois, dont M. Schnegg est la personnalité principale, a fait une campagne haineuse lors du vote sur l’appartenance cantonale de Moutier. Son affiche représentait les habitants du canton du Jura par des rats. Il n’est donc pas étonnant que l’annonce de sa venue pour fêter l’anniversaire de ce canton ait suscité quelques réactions hostiles. Si un membre alémanique du Gouvernement bernois avait été son représentant à cette manifestation, il n’y aurait probablement pas eu ce problème. Berne a justifié cette désignation par le fait que M. Schnegg est président de la délégation du Conseil exécutif aux affaires jurassiennes. C’est certainement là qu’est l’erreur.

 

Delémont: enfin un budget 2019?

Dans Gauchebdo du 1er mars (n° 9), nous avions un titre interrogatif «Delémont, un vote pour beurre?» à propos d’un vote prévu le 14 avril sur le budget communal, suite à un référendum du PDC. Mais le vote avait été annulé à cause d’un recours d’un avocat delémontain contre la validité de la demande de référendum, qui combattait le budget en argumentant sur d’autres décisions. Le 22 mai, la Cour constitutionnelle a rejeté ce recours et le vote a lieu en cette fin de semaine. Jusqu’à l’acceptation du budget, la commune ne peut engager que des dépenses obligatoires. Par exemple, elle n’a pas pu répondre favorablement à certaines demandes de subventions et les associations devront attendre l’acceptation du budget pour recevoir les subventions habituelles.

En cas d’acceptation du budget, on retrouvera une situation normale. En cas de refus, le Conseil de ville devra présenter un nouveau budget, mais les dépenses contestées par la droite, des nouveaux postes dans l’administration communale, devraient toujours y figurer, car elles avaient été acceptées avant l’adoption du budget par le Conseil de ville et n’ont pas été contestées par référendum. Les décisions sont donc entrées en force.

Espérons que les Delémontain-e-s n’obligeront pas les conseillers de ville à étudier les budgets 2019 et 2020 en même temps et voteront oui ce dimanche, comme le recommandent la gauche (PS, Verts, CS-POP) et le PCSI (chrétien-social).