L’Iran et l’Arabie saoudite, deux pays particulièrement misogynes

La chronique féministe • Le 6 septembre, je vous parlais de l’engouement pour le foot féminin durant l’été.

Le 6 septembre, je vous parlais de l’engouement pour le foot féminin durant l’été. Il est hélas des pays où le simple fait d’entrer dans un stade est interdit aux femmes, comme en Arabie saoudite jusqu’au 12 décembre 2017 et aujourd’hui encore en Iran, malgré les manifestations de militantes.

Mais certaines, pour braver cet interdit, se déguisent en homme et se dessinent une barbe. C’est ce qu’a fait récemment Sara Khabazi pour le plaisir de voir ses idoles de près. Malheureusement, elle a été découverte, arrêtée et condamnée à 6 mois de prison. Ce qui l’a poussée à se suicider par immolation, une des pires façons de mourir.  Ce drame a fait le tour du monde. Et montré à quel point ce pays rétrograde ne respecte pas les femmes. Si peu que des lois absurdes leur sont imposées.

Elles ont l’interdiction de chanter en public et sur scène, de conduire en étant mal voilées (leur voiture peut être confisquée), de refuser des relations sexuelles avec leur époux, sous peine de ne pas recevoir de pension alimentaire. Le viol conjugal et les violences au sein du foyer ne sont pas punis par la loi. Les relations lesbiennes sont passibles de 100 coups de fouet et de peine de mort à la 4e récidive.

La Constitution iranienne affirme que la vie d’une femme ne vaut que la moitié de celle d’un homme. Si une femme souhaite témoigner, elle devra être accompagnée de deux hommes, sinon son témoignage n’a aucune valeur. Dans cette même «logique», les réparations versées pour avoir tué ou blessé une femme correspondent à la moitié des indemnités dues lorsqu’il s’agit d’un homme.

Les femmes doivent obtenir la permission de leur mari pour quitter leur pays. En cas d’adultère, le couple en question est sanctionné par lapidation, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Tous deux sont enterrés, l’homme jusqu’à la taille et la femme jusqu’au-dessus de la poitrine. L’homme a alors plus de «chance» de s’en sortir. Après le divorce, l’homme a officiellement la charge de son garçon à partir de deux ans et de sa fille à partir de sept. La femme, elle, perd automatiquement le droit de garde des enfants si elle compte se remarier.  Il est interdit aux femmes d’étudier la biologie, la littérature anglaise et 75 autres filières universitaires, réservées aux hommes, bien que les femmes obtiennent de meilleurs résultats.

En outre, le gouvernement demande aux entreprises de favoriser les hommes et les femmes qui ont déjà des enfants, lors du recrutement.  Demander le divorce en Iran est considéré comme une atteinte à la virilité. Et si le mari y est favorable, les procédures sont longues.

Il est interdit d’avoir un contact physique entre une femme et un homme qui ne sont pas de la même famille. En 2014, la bise sur la joue entre l’actrice iranienne Leila Hatami et Gilles Jacob, alors président, sur le tapis rouge du Festival de Cannes avait défrayé la chronique. La femme iranienne n’a pas le droit d’épouser un étranger ni un non-musulman. En Iran, les petites filles peuvent être condamnées à mort dès l’âge de 9 ans, contre 15 pour les garçons. Ce pays est celui qui compte le plus de mineur-e-s dans le couloir de la mort en 2016…

Enfin récemment, dans ce charmant pays, une Iranienne célèbre sur Instagram pour avoir transformé son apparence grâce à la chirurgie esthétique, a été arrêtée et accusée de «blasphème».

Les femmes sont soumises à des lois absurdes dans un autre pays musulman, l’Arabie Saoudite.

Jusqu’en 2018, les femmes n’avaient pas le droit de conduire (sous prétexte que cela favoriserait le mélange des genres et la promiscuité), ce qui leur compliquait la vie, puisqu’il leur fallait trouver un chauffeur pour le moindre déplacement. Cependant, des militantes qui bataillaient depuis des années pour obtenir ce droit ont été emprisonnées et poursuivies en justice pour avoir parlé à des journalistes étrangers!

En Arabie Saoudite, les femmes sont soumises au contrôle de leur père, mari, frère ou fils. Celui-ci occupe le statut de «gardien masculin». Les Saoudiennes doivent donc obtenir l’autorisation de leur «gardien» pour renouveler leur passeport et quitter le pays, ainsi que pour faire des études. Le pays compte plusieurs universités réservées aux femmes.

Depuis quelques années, la monarchie dirigée par la dynastie Saoud cherche néanmoins à moderniser son image et rompre avec celle d’un royaume ultraconservateur. Par exemple, en levant les restrictions qui empêchaient les femmes d’avoir accès au marché de l’emploi, moins par respect que pour des raisons économiques: le royaume cherche à réduire sa dépendance aux ressources pétrolières.

Mais les Saoudiennes ne peuvent pas exercer tous les métiers: tout contact avec un homme leur étant interdit, elles ne doivent pas avoir de relation avec le public, excepté dans les hôpitaux. Elles n’ont pas le droit d’avoir un compte en banque (comme en Suisse jusqu’en 1988!) ni de quitter le foyer sans en avertir le mari.

Pour se marier, les femmes de tous âges doivent obtenir la permission de leur «gardien», tandis que les hommes peuvent divorcer sans le consentement de leur épouse. En janvier 2018, les Saoudiennes ont pour la première fois été autorisées à pénétrer dans certaines enceintes sportives, mais dans des tribunes séparées.

Enfin, les pouvoirs de la redoutée police religieuse, qui a pendant des décennies patrouillé les rues pour réprimander les femmes pas assez couvertes ou au vernis à ongles trop brillant, ont été réduits. Dans la capitale, Ryad, et dans d’autres villes, il est d’ailleurs désormais possible de voir des femmes circuler sans foulard. L’avortement est naturellement interdit dans les deux pays, sauf en cas de danger pour la mère.

Rappelons que les Saoudiennes n’ont obtenu le droit de vote qu’en 2015, l’Arabie saoudite fut le dernier pays à l’accorder. Les Iraniennes l’obtinrent en 1963, soit 8 ans avant les Suissesses!

Mais l’obscurantisme sévit aussi en Occident. Dimanche 6 octobre, des dizaines de milliers de personnes ont défilé à Paris contre la PMA (procréation médicale assistée) pour toutes, plus ou moins les mêmes qui s’étaient opposées au mariage pour tous. La Suisse est le seul pays européen à ne pas avoir encore de congé paternité ou parental.

L’avortement est encore totalement interdit dans 4 pays européens: Andorre, Malte, Saint-Marin et Vatican… D’un côté, on enferme les femmes vivantes, d’un autre, on les dénude.

De tout temps, le corps féminin a représenté un enjeu politique. Quand fichera-t-on la paix aux femmes? Quand seront-elles respectées dans tous les pays du monde?